Depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, le tourisme de masse s’est imposé comme une industrie nocive pour les humains et l’environnement. À cette modalité du voyage, on pourrait opposer le Grand Tour, pratique élitiste des aristocrates européens, qui cherchent à enrichir leur culture gréco-latine en Italie. Or, cette dichotomie ne cache-t-elle pas une réalité plus riche ? Au micro de Storiavoce, Gilles Montègre propose de revaloriser le voyage comme un objet d’étude historique complexe avec une perspective transnationale. Femmes, érudits, domestiques, aventuriers ou diplomates : une foule hétéroclite parcourt le vieux continent à la poursuite d’objectifs variés. Passion de l’Antiquité, désir d’accumuler un savoir encyclopédique ou de découvrir les confins de la Laponie, comme le modèle politique d’un pays frontalier, le voyage est une expérience révélatrice des préoccupations de l‘Ancien Régime. Parfois synonyme d’émancipation, il permet de penser le lien entre le temps des Lumières et le siècle des Révolutions.