L’histoire de la Mésopotamie, marquée par de nombreux bouleversements politiques et militaires, connaît un tournant majeur vers -2250 avec l’invasion des Gutis, entraînant la chute de l’Empire akkadien, également connu sous le nom d’Empire sargonide.
Ce moment clé de l’histoire se déroule bien après que l’Égypte ait établi sa première grande unification politique.
L’essor de l’empire akkadien : unification des cités sumériennes
Avant cette chute, les cités-états de Sumer et de Mésopotamie sont unifiées sous l’autorité du roi légendaire Sargon, aussi appelé Sharrû-Kin, dont le nom signifie « roi légitime ».
Ce souverain d’Akkad établit une dynastie, connue sous le nom de dynastie sargonide, qui comprend sept rois identifiés. Ces monarques règnent sur un vaste territoire englobant des cités prestigieuses telles que Lagash, Ur, Mari et Uruk, tout en s’étendant jusqu’à la Cappadoce, dans l’actuelle Turquie.
Cependant, malgré sa puissance, l’empire akkadien commence à vaciller à la fin du IIIe millénaire avant notre ère. Une coalition de rois locaux, mécontents et révoltés, se forme pour contester l’autorité centrale. Vers -2155, le dernier roi sargonide, Shar-Kalli-Sharri, surnommé le « roi des rois », est renversé par l’un de ces rebelles.
Ce coup d’État marque la désintégration progressive du premier empire mésopotamien.
L’arrivée des Gutis : envahisseurs des montagnes
L’effondrement de l’empire est également accéléré par l’arrivée des Gutis, un peuple montagnard originaire des chaînes du Zagros, dans une région appelée Luristan (actuel sud-ouest de l’Iran).
Cette région se situe au-delà du fleuve Karun, à l’est de la Mésopotamie. Certains historiens suggèrent que les Gutis pourraient avoir des liens lointains avec les Mèdes, un autre peuple influent de l’histoire perse.
Le pays des Gutis, également désigné sous le nom de Gutium ou Goïm dans certains textes anciens, est mentionné dans l’Ancien Testament. Selon ces récits, l’intervention des Gutis aurait contribué à l’exode d’Abraham de la Mésopotamie vers l’Égypte.
En tout cas, leur arrivée bouleverse l’équilibre régional : les cités sumériennes recouvrent leur indépendance et sont dirigées par de nouvelles dynasties, souvent d’origine gutienne, akkadienne ou sumérienne.
La liste royale sumérienne : témoignage de la domination gutienne
Les Gutis établissent leur pouvoir sur une partie de la région, bien que leur domination soit limitée et mal documentée.
La liste royale sumérienne (LRS), un texte historique important, mentionne 21 rois Gutis ayant régné pendant environ 91 ans (ou plus vraisemblablement 70 ans). Leur influence semble toutefois fragmentée, et il est probable que plusieurs rois aient régné simultanément sur différentes cités plutôt que de gouverner un empire centralisé.
Malgré leur réputation d’envahisseurs, les Gutis n’ont pas provoqué de destructions majeures. Les traces archéologiques montrent peu de villes détruites, suggérant qu’ils se sont installés dans des territoires sans chercher à reconstruire l’empire akkadien.
Le lieu de leur principal affrontement pourrait être Akkad elle-même, bien que l’emplacement exact de cette cité reste incertain.
La fin de la domination gutienne : la victoire d’Utu-Hegal
La domination des Gutis prend fin grâce à Utu-Hegal, roi d’Uruk, qui vainc leur armée dirigée par le roi Tiriqan vers -2120.
Cette victoire marque un tournant : les Gutis perdent leur influence, mais l’histoire reste mouvementée. Seulement sept ans après cette bataille, Ur-Nammu, gouverneur d’Ur, renverse Utu-Hegal et s’autoproclame roi d’Ur, de Sumer et d’Akkad.
Ce changement ouvre une nouvelle ère souvent qualifiée de période néo-sumérienne, caractérisée par une tentative de réunification politique et culturelle de la Mésopotamie.
Conclusion
La chute de l’empire akkadien illustre la fragilité des empires face aux révoltes internes et aux invasions extérieures. Les Gutis, bien que brièvement dominants, jouent un rôle clé dans ce basculement historique, ouvrant la voie à une reconfiguration du pouvoir en Mésopotamie.