Article | Vers – 1700 : les Achéens ou « Mycéniens » envahissent la Grèce

Aux alentours de l’an -1700, les Achéens, également appelés « Mycéniens », pénètrent en Grèce, marquant ainsi un tournant décisif dans l’histoire de cette région. Ces peuples indo-européens, dotés d’une maîtrise exceptionnelle des armes en bronze, se distinguent par leur force militaire et leur habileté à dominer les populations locales.

Ce n’est pas la première vague indo-européenne qui touche l’Europe, mais une seconde vague qui, cette fois, est accompagnée de l’usage du bronze. Les Achéens, portant des armures impressionnantes et utilisant l’épée longue et le char, deux technologies jusque-là inconnues dans cette région, commencent à dominer les populations locales.

Ces populations, présentes depuis le paléolithique et déjà partiellement influencées par les vagues indo-européennes précédentes, ne sont pas les premières à vivre ces bouleversements. La Grèce de cette époque est peuplée de plusieurs tribus, telles que les Pélasges, les Dryopes, les Lélèges et les Épéens. Chacune de ces tribus, bien qu’ayant leurs propres coutumes et modes de vie, se voit peu à peu conquise ou assimilée par ces nouveaux envahisseurs.

Les Achéens ne s’arrêtent pas là, car leur expansion se propage également en mer Égée où ils affrontent les Minoens, un autre groupe de cousins indo-européens. Cet affrontement culminera avec la destruction de Cnossos aux alentours de -1400, marquant la fin de l’ère minoenne.

L’héritage architectural des Achéens : bâtisseurs et guerriers

Tout comme les Minoens qu’ils vainquent, les Achéens sont également des bâtisseurs, bien que leur approche soit plus militaire et défensive.

Ils introduisent en Grèce un modèle de société urbaine centrée sur des cités rivales, un système qui s’enracinera particulièrement dans la région du Péloponnèse. Mycènes, la plus célèbre de ces cités, est fondée à cette époque et devient rapidement un centre de pouvoir. Connue pour être la cité du clan des Atrides, elle abritera le fameux roi Agamemnon, dont le nom résonne encore dans la mythologie grecque.

Mycènes se distingue non seulement par sa puissance militaire, mais aussi par ses fortifications impressionnantes. Contrairement aux Minoens, qui n’entouraient pas leurs villes de murailles massives, les Achéens édifient des enceintes imposantes. La porte des Lions à Mycènes est sans doute l’exemple le plus emblématique de cette architecture défensive, symbolisant la puissance et la richesse de cette civilisation.

Mais l’architecture achéenne ne se limite pas aux fortifications. Les Mycéniens adoptent également des pratiques funéraires spécifiques, notamment l’inhumation dans des tumulus, des sépultures monumentales appelées tholoi, richement ornées et réservées à l’élite. Ces tombes sont le reflet de l’importance accordée aux rituels funéraires et à la croyance en une vie après la mort, marquant ainsi une rupture avec les pratiques plus modestes des peuples qui les ont précédés.

L’influence culturelle et artistique des Minoens

Bien qu’ils aient conquis les Minoens, les Achéens adoptent de nombreux aspects de leur culture. La peinture murale, l’orfèvrerie, ainsi que l’architecture palatiale des Minoens sont des sources d’inspiration majeures pour les Mycéniens. Les palais achéens, comme celui de Mycènes, comportent des éléments tels que le mégaron, une grande salle du trône, directement inspirée des palais minoens.

En matière d’écriture, les Mycéniens vont plus loin en adoptant et en adaptant l’écriture minoenne connue sous le nom de linéaire A. Ils créent ainsi le linéaire B, une version améliorée qui leur permet de consigner des informations dans leur langue indo-européenne. Cette écriture, composée de syllabogrammes, est l’une des premières formes d’écriture utilisées sur le continent européen et témoigne de l’importance de la transmission écrite dans la civilisation mycénienne.

La fin de l’ère achéenne : l’arrivée des Doriens

L’ère des Achéens, bien qu’elle ait façonné l’histoire de la Grèce pendant plusieurs siècles, ne dure pas éternellement. Aux alentours de -1200, une nouvelle vague de populations indo-européennes, les Doriens, déferle sur la Grèce. Les Doriens, armés de nouvelles technologies, notamment du fer, surpassent les Achéens et les chassent de leurs terres.

La domination des Achéens, marquée par l’utilisation du bronze et la création d’une société fortement structurée, cède la place à une nouvelle époque où le fer, ce métal plus résistant et plus facile à travailler, révolutionnera les outils et les armes. Ce passage du bronze au fer symbolise une transition majeure dans l’histoire grecque, annonçant l’âge sombre grec et la fin des grandes cités achéennes comme Mycènes.

Ainsi, bien que leur domination ait été relativement courte, les Achéens ont marqué l’histoire grecque de manière indélébile. Leur héritage militaire, architectural et culturel a jeté les bases de ce qui deviendra plus tard la Grèce classique, celle que l’on associe aujourd’hui aux grands noms de la philosophie, de l’art et de la politique.