Donald Trump est le président aux dizaines de milliers de tweets. Avant d’être banni du réseau social, dès 2016 il en fait son arme de campagne. Pleins feux sur sa stratégie de communication, sa défiance envers les médias traditionnels et son utilisation de la désinformation pour arriver au poste de chef d’Etat. Comment a-t-il radicalement transformé la communication politique ?

« Mes médias sociaux sont très puissants et sans eux, je n’aurais probablement pas été ici. » C’est l’histoire d’une révolution de la communication politique qui débute en 140 caractères. De la télé-réalité au bureau ovale, Donald Trump, expert en autopromotion, a utilisé Twitter comme une ligne de front pour conquérir la Maison-Blanche – et récidive aujourd’hui. Et de fanfaronner : « J’adore Twitter. C’est comme posséder son propre journal, sans dépenses », dit celui qui balaie d’un systématique « Fake News! » les grands médias américains, du New York Times à CNN, ces « ennemis du peuple américain ». Auteur, de jour comme de nuit, de dizaines de milliers de tweets, repris par 17 millions de followers, le milliardaire devenu président a trouvé, avec ce réseau social, une arme de désinformation à sa démesure. Si, pour s’adresser au pays, Franklin D. Roosevelt a inauguré la radio dans les années 1930 et John F. Kennedy, la télévision à l’aube des sixties, l’incontrôlable Donald Trump, lui, pulvérise tous les filtres pour établir un lien intime avec ses électeurs. Laissant libre cours à son agressivité, il traite, lors de la campagne de 2016, sa rivale Hillary Clinton d’ »escroc » et plus tard Greta Thunberg de « frileuse ». Excellant à exacerber les peurs et les fantasmes des Américains, il sait produire des slogans en trois mots aussi pauvres que redoutablement efficaces, repris à l’envi par ses fans : « Construisez le mur ! », pour la frontière avec le Mexique ou lors de son incitation à bannir les musulmans. Mais le leader populiste a aussi gouverné avec Twitter – qui a progressé en même temps que lui –, de sa diplomatie-bazooka envers la Corée du Nord ou l’Iran, à son déni face au changement climatique, en passant par sa défense lors des procédures de destitution qui l’ont visé.

Qui peut arrêter Donald Trump et ses simplifications mensongères diffusées à grande échelle et au plus près de ses électeurs ? À l’heure où, probable candidat républicain investi, il se prépare à la reconquête de la Maison-Blanche à l’automne 2024, cette vertigineuse plongée dans sa campagne de 2020 et sa présidence montre combien ses opposants peinent à contrecarrer son flux continu de tweets au parfum vicié de populisme et de complotisme. Au fil de ses plus mémorables posts, ce documentaire éloquent, nourri d’archives ainsi que d’éclairages d’experts et d’anciens membres de l’administration Trump, dont Anthony Scaramucci – lui-même remercié par le président sur Twitter –, décrypte les mécanismes d’une communication politique devenue hors de contrôle, qui risque encore de profiter à ce maître du réseau social désormais nommé X.

Un documentaire de Peter Crystal (Royaume-Uni, 2020, 50mn)
Rediffusion disponible jusqu’au 01/04/2025