Sitting Bull en bref

En octobre 1890, deux événements marquants se produisent aux États-Unis, soulignant la transition vers une nouvelle ère. Ce mois-là, Dwight D. Eisenhower, qui deviendra le 34ème président des États-Unis, voit le jour. Sa future présidence marquera l’histoire américaine par ses décisions et ses actions pendant la Seconde Guerre mondiale et la Guerre froide.

Parallèlement, à peu près au même moment, un des derniers grands chefs des cultures indiennes ancestrales, Sitting Bull, est exécuté.

Cette exécution symbolise la fin d’une époque et le début d’une nouvelle ère pour les Amérindiens et les colons. La juxtaposition de ces événements, la naissance d’un futur leader et la mort d’un symbole de résistance, illustre de manière frappante la brutalité et la violence de la transition de l’Amérique vers la modernité, tant sur le plan culturel que politique et social.

La coexistence de ces deux événements met en lumière le contraste entre le passé et l’avenir, entre la tradition et le progrès, et entre la résistance et l’assimilation.

La jeunesse et l’ascension de Sitting Bull

Sitting Bull, de son vrai nom Tatanka Iyotaka, naît en 1834 dans le Dakota du Sud.

Dès son plus jeune âge, il montre des talents exceptionnels de leader et de guerrier, se distinguant dans les nombreuses guerres des plaines qui opposent les tribus amérindiennes aux colons et à l’armée américaine. Sa bravoure et sa détermination lui valent rapidement une réputation de chef redouté et respecté.

En 1868, après la signature du traité de Fort Laramie, qui est censé garantir des droits territoriaux aux tribus indiennes, Sitting Bull accepte à contrecœur le déplacement de sa tribu vers une réserve désignée.

Cependant, lorsque les Américains violent le traité en envahissant les terres promises aux Indiens, Sitting Bull appelle à la révolte. Rejoint par les tribus Cheyenne et Lakota, il rassemble environ 1500 guerriers dans le Montana, à Little Big Horn.

Cette coalition marque le début d’un chapitre héroïque et tragique de la résistance indienne contre l’oppression coloniale.

La bataille de Little Big Horn et ses controverses

La bataille de Little Big Horn, survenue en 1876, est l’un des épisodes les plus célèbres et controversés de l’histoire américaine.

Les forces de Sitting Bull et celles du général George Armstrong Custer s’affrontent dans un combat épique. Custer, avec ses 647 soldats du 7e régiment de cavalerie, divise ses troupes en trois bataillons pour attaquer le camp indien. Cependant, la stratégie de Custer se révèle désastreuse.

Les détails de la bataille sont sujets à controverse, certains historiens affirmant que les commandants en second de Custer, le capitaine Benteen et le major Reno, l’auraient abandonné à son sort. Custer avait pour objectif de détruire le camp indien et de massacrer les civils, mais la résistance farouche des guerriers indiens conduit à une défaite écrasante des Américains.

Custer et 268 de ses hommes sont tués, marquant une victoire significative pour les Indiens, mais aussi le début d’une traque implacable contre Sitting Bull et ses partisans, symbolisant la fin de l’autonomie des tribus amérindiennes sur leurs terres ancestrales.

Le retour aux États-Unis et la participation au Wild West Show

Après la défaite de Little Big Horn, Sitting Bull trouve refuge au Canada, où il bénéficie de la protection des autorités locales. Cette période de répit permet à Sitting Bull et à ses partisans de se réorganiser et de réfléchir à leur avenir.

En 1881, épuisé par des années de combat et de fuite, Sitting Bull accepte de revenir aux États-Unis sous la promesse d’une amnistie.

De retour sur le sol américain, il devient une figure emblématique et controversée, participant au célèbre « Wild West Show » de Buffalo Bill. À 51 ans, il parcourt le pays en incarnant le visage de la résistance indienne pour un public avide de sensations fortes et d’histoires de l’Ouest sauvage.

Cette période de sa vie est marquée par des contradictions : bien que glorifié en tant que héros de l’Ouest, il reste un symbole vivant de la lutte des Amérindiens contre l’oppression.

Après ses tournées, Sitting Bull s’installe dans la réserve de Standing Rock, dans le Dakota du Nord, où il aspire à une retraite paisible avec sa femme, Four Times, espérant enfin trouver la paix loin des conflits.

L’arrestation et la mort tragique de Sitting Bull

Malgré les promesses d’amnistie, les autorités américaines n’ont jamais pardonné les actions passées de Sitting Bull.

Le 12 décembre 1890, James McLaughlin, l’agent blanc responsable de la réserve de Standing Rock, reçoit un télégramme ordonnant l’arrestation de Sitting Bull. L’exécution de cet ordre est confiée à la police indienne locale, corrompue et encouragée par l’alcool fourni généreusement par les autorités.

Au moment de l’arrestation le 15 décembre 1890, une violente altercation éclate. Bull Head, un policier indien, tire sur Sitting Bull, qui est mortellement blessé. La situation dégénère rapidement, et Bull Head est lynché par la foule en colère. Une anecdote raconte que le cheval de cirque de Sitting Bull, offert par Buffalo Bill, aurait cru assister à une nouvelle représentation et aurait dansé pendant toute la durée de l’affrontement.

La mort de Sitting Bull marque la fin d’une époque et symbolise la brutalité de la politique américaine envers les Amérindiens. Le 17 décembre 1890, son corps est dissous à la chaux vive, une fin indigne pour un homme qui a tant fait pour son peuple.

L’héritage de Sitting Bull

Aujourd’hui, deux monuments funéraires honorent la mémoire de Sitting Bull, rappelant sa vie et son combat pour la liberté et la dignité de son peuple. Son héritage est complexe, mêlant héroïsme et tragédie. Sitting Bull reste un symbole de la résistance des cultures indiennes face à l’expansion coloniale américaine.

Sa vie et sa mort illustrent les luttes et les souffrances des Amérindiens dans leur quête pour préserver leur identité et leur autonomie.

Le destin croisé de Dwight D. Eisenhower et de Sitting Bull incarne une époque de transition marquée par des changements profonds et souvent douloureux. Tandis qu’Eisenhower représente l’avenir et la modernité, Sitting Bull incarne le passé et les traditions ancestrales.