Shein est aujourd’hui l’un des leaders mondiaux de la mode éphémère. Avec des prix très bas, un choix presque infini et des milliers de nouveaux articles chaque jour, la marque chinoise connaît un succès fulgurant chez les jeunes femmes et les adolescents. Les vêtements, chaussures et accessoires sont vendus exclusivement sur internet et livrés dans plus de 150 pays. Pour l’émission, notre équipe a passé commande d’un ensemble veston et pantalon, facturé au prix dérisoire de 31 francs ! ABE a demandé à une couturière professionnelle d’en évaluer la qualité. Son verdict est sans appel : le travail réalisé est médiocre, tant au niveau des coutures que des finitions. Pour estimer le temps nécessaire à sa fabrication, elle a également réalisé exactement le même ensemble, avec les mêmes finitions. Résultat : un rapide calcul suffit pour comprendre que pour réaliser ces vêtements, les ouvriers textiles chinois sont probablement payés moins que le salaire minimum pratiqué dans le pays.
Commander par internet, c’est souvent aussi renvoyer des articles. Mais qu’advient-il de ces produits ? Pour le savoir, nous avons glissé des trackers dans trois articles Shein, que nous avons ensuite renvoyés. Grâce à notre téléphone portable, nous avons pu suivre leurs moindres mouvements. Résultat : à eux-seuls les articles renvoyés ont parcouru près de 100’000 km. Mais ces objets ont-ils été bel et bien revendus à d’autres clients de Shein ? Notre correspondante aux Etats-Unis est partie à la recherche d’un produit localisé en Pennsylvanie par notre mouchard.
Les trackers cachés dans les objets ont permis de constater qu’ils ont parcouru 100’000 km, soit 2,5 fois le tour de la Terre. ABE a demandé à deux experts d’analyser les routes empruntées par les achats retournés par les clients.
Linda Bourget a invité Géraldine Viret, responsable médias de l’ONG ‘Public Eye’ à réagir à ces reportages.