Anders Breivik, le terroriste d’extrême droite norvégien qui a assassiné 77 jeunes en 2011 reçoit 800 lettres d’amour par mois. Il existe un joli mot pour désigner cette passion pour les criminels : “hybristophilie”. Bien sûr, on pourrait considérer ce genre d’héroïsation des tueurs comme un trouble pathologique, mais on peut aussi le voir comme la manifestation extrême d’une fascination largement partagée pour le crime.
Cette attraction repose certes en grande partie sur nos pulsions voyeuristes, mais pour le philosophe Mathias Roux, les vraies affaires criminelles représentent plus que de simples faits divers. Dans “Le goût du crime” (Actes Sud, 2023), l’essai qu’il a coécrit avec son frère Emmanuel Roux, il montre que non seulement ces affaires donnent matière à penser notre époque, mais elles soulèvent de grandes questions philosophiques. Pourquoi les affaires criminelles nous fascinent-elles ? Que nous enseigne l’événement criminel sur la question de la vérité et du mal ? Quelle est la raison du crime ?
Avec aussi Matthieu Béra, sociologue.