Droit de vote en 1944, droit d’ouvrir d’un compte bancaire à son nom en 1965, loi sur l’égalité salariale en 2006… En France, les évolutions législatives et avancées pour les droits des femmes rythment les le dernier siècle. Mais sont-elles pour autant devenues des sujets comme les autres, tout à fait maîtresses de leurs choix ?

Ce processus pour devenir un sujet, c’est-à-dire développer sa prise sur le monde, est ce qu’on appelle la subjectivation. Or dans nos sociétés patriarcales, femmes et hommes ne deviennent pas des sujets de la même manière. Que ce soit dans l’exercice de leurs droits reproductifs, sur les applications de rencontre ou dans la conception de la morale, les femmes doivent encore faire face à de nombreuses injonctions paradoxales.

Comment dès lors devenir un sujet après avoir été si longtemps reléguée à une position d’objet ? D’où vient la notion de sujet en philosophie, et comment a-t-elle infusé nos représentations morales, politiques ou économiques ? Dans quelles mesures les femmes peuvent-elles paradoxalement participer à leur propre objectivation ?

Pour décortiquer la notion de subjectivation dans une perspective de genre, Laurène Daycard reçoit Estelle Ferrarese, professeure de philosophie morale et politique à l’Université de Picardie Jules Verne et directrice sortante de l’Institut du Genre.