On appelait « corbeaux » les médecins qui soignaient la peste en raison de leur apparence singulière, rendue célèbre par un costume aussi emblématique qu’inquiétant. Ce surnom trouve son origine dans le masque à bec qu’ils portaient, rappelant étrangement le profil d’un corbeau. Mais ce masque n’était pas qu’un simple déguisement : il avait une fonction bien précise, à la croisée des croyances médicales de l’époque et des tentatives rudimentaires de protection.

Ce masque en forme de bec allongé était souvent rempli de substances aromatiques comme de la lavande, du thym, ou encore du camphre. On pensait que la maladie se transmettait par l’air corrompu, qu’on appelait miasmes. Ainsi, en respirant à travers ces filtres naturels, les médecins espéraient échapper à l’infection. Cette silhouette, avec son manteau noir, ses gants, son chapeau à large bord et surtout ce long bec, suscitait à la fois la crainte et la fascination. Les habitants, terrifiés par la peste, voyaient dans l’apparition de ces figures noires non pas une promesse de guérison, mais souvent le signe avant-coureur de la mort.