Article | Ménès, premier roi de l’Égypte unifiée

Aux alentours de 3100 avant Jésus-Christ, un événement historique majeur se produit : la naissance de la première dynastie égyptienne. Cette période marque la fin de l’époque prédynastique, une époque que les archéologues associent à la période de Nagada.

Jusqu’à ce moment, les communautés vivant le long de la vallée du Nil étaient divisées en deux grands groupes, chacun gouverné par son propre roi. D’une part, il y avait la Basse-Égypte, située dans le delta du Nil, et d’autre part, la Haute-Égypte au sud, qui semblait être plus avancée à cette époque.

En effet, la Haute-Égypte était déjà organisée en plusieurs provinces, appelées « nomes », chacune soumise à l’autorité d’un seul souverain. L’un des plus célèbres de ces rois était le légendaire roi Scorpion, une figure entourée de mystère et de légende.

Ménès, une figure énigmatique de l’histoire égyptienne

Le roi Ménès, dont le nom grec est une forme dérivée de l’égyptien Menei, est une figure historique qui se distingue mal des autres souverains de son époque.

Il est parfois identifié comme étant le même personnage que le roi Narmer, ou encore Aha, qui serait le premier roi enterré à Saqqara, une nécropole prestigieuse de l’Égypte ancienne. Bien que l’identité exacte de Ménès reste floue, il est mentionné par l’historien grec Hérodote et son nom figure sur la célèbre table d’Abydos, un document essentiel pour l’étude des premiers rois égyptiens.

Il est important de noter que la transition entre la période de Nagada et la première dynastie coïncide avec l’apparition de l’écriture en Égypte. Les premiers hiéroglyphes datent d’environ 3250 avant J.C., une époque qui semble faire de Ménès le premier roi de l’histoire à avoir laissé des traces écrites. De plus, c’est également à cette période que l’usage du papyrus commence à se répandre, marquant ainsi un tournant dans l’administration et la culture égyptiennes.

Le titre de pharaon, une appellation postérieure

Bien que Ménès soit reconnu comme un grand souverain, il est important de souligner que le terme « Pharaon » n’était pas encore utilisé pour désigner les rois à cette époque.

En effet, ce mot, qui signifie « grande maison », n’entrera en usage qu’à partir du Nouvel Empire, plusieurs siècles après l’époque de Ménès. Cependant, cela n’enlève rien à l’importance de son règne et à l’impact de ses actions sur l’histoire égyptienne.

L’unification de l’Égypte, un acte fondateur

Ce qui est certain, c’est que Ménès, roi du Sud, a accompli l’exploit de conquérir le Nord, réalisant ainsi la première unification de l’Égypte. Cet événement marque le début de ce que l’on appelle la période « Thinite », du nom de la ville de This, d’où seraient originaires ces premiers rois.

Malheureusement, l’emplacement exact de cette ville reste incertain, en partie à cause de la nature des constructions de l’époque, faites principalement de briques de terre crue, qui n’ont pas résisté au temps. Seuls quelques monuments en pierre témoignent encore de cette époque révolue.

La fondation de Memphis, un acte de génie

Un autre accomplissement majeur attribué à Ménès, ou à Narmer, est la fondation de la ville de Memphis. Située près de l’actuel village de Mit-Rahineh, Memphis allait devenir une cité d’une importance inestimable dans l’histoire égyptienne.

Promis à une gloire durable, Memphis resterait pendant des siècles la nécropole privilégiée des pharaons. La proximité de Gizeh et de Saqqara, deux des plus célèbres nécropoles de l’Égypte ancienne, situées à seulement une cinquantaine de kilomètres de Memphis, en est un témoignage éloquent.

Une œuvre monumentale qui s’étend sur des siècles

Cependant, il convient de noter que la construction des célèbres pyramides de Gizeh n’a eu lieu que 600 ans après le règne de Ménès. Cela montre que bien que son règne ait été fondamental pour l’unification et la consolidation de l’Égypte, l’apogée de la grandeur architecturale égyptienne ne sera atteinte que plusieurs siècles plus tard.