Il ne cesse de pleuvoir dans les rues de la capitale qui, en ce matin du 8 décembre 1923, s’est réveillée la mine triste et le cœur serré. « On dirait que le ciel ruisselant veut descendre sur le prince de l’esprit », commente Le Figaro du 9 décembre. Ce « prince de l’esprit », dont les funérailles sont célébrées à Notre-Dame de Paris, c’est Maurice Barrès. Né en 1862, il est l’un des écrivains les plus brillants de sa génération. À son chevet, des présidents, des ministres, des hommes en habits verts, des députés de droite comme de gauche, des artistes et des écrivains. Toute l’élite du pays est là pour un dernier adieu. Rendent-ils ce dernier hommage à un écrivain ou à un homme politique ? Proche de Charles Maurras, admiré par Léon Blum, adoré par Anna de Noailles, célébré par André Malraux et Marguerite Yourcenar, mais aussi condamné à vingt ans de travaux forcés par le jury du procès fictif des dadaïstes en 1921, Maurice Barrès n’a pas laissé sa génération indifférente. Qui est ce « prince de la jeunesse » ? Resté tristement célèbre pour son antisémitisme et ses écrits nationalistes, qu’en reste-t-il ? Que nous dit-il de son époque ?