Dans Qui va prendre le Pouvoir : les grands singes, les hommes politiques ou les robots, Pascal Picq avait donné cet avertissement : si nous ne sommes pas capables de comprendre les intelligences des grands singes, alors nous serons en mauvaise posture avec les intelligences artificielles. Alors, est-ce que l’humanité est en passe d’être dépassée sur ce qui faisait sa supériorité jusque-là sur les animaux et les machines : l’intelligence ? Depuis la disparition des derniers Néandertaliens et celle annoncée des grands singes, l’humanité s’est emmurée dans une arrogance lui laissant croire qu’elle avait l’apanage de toutes les intelligences. Ce qu’on appelle « le réveil de l’IA » ébranle cette certitude fondée sur trop d’ignorance. Pourquoi ne sommes-nous pas capables de comprendre les autres intelligences, animales ou artificielles ? Car il convient d’admettre qu’il n’y a pas une intelligence animale comme il y aurait une intelligence artificielle. Cet essai retrace les fondements des intelligences animales, humaines et artificielles dans une approche évolutionniste. Comment ont-elles émergé ? En quoi diffèrent-elles ? En quoi certaines sont plus performantes pour résoudre tel ou tel problème ? La méconnaissance de l’évolution des intelligences comme de l’invention de l’intelligence artificielle créent incertitudes et inquiétudes. En fait, elles prennent des chemins évolutionnistes inversés. Les machines font plus facilement des choses qui nous semblent compliquées, comme jouer aux échecs ou au jeu de go, qu’elles ne sont capables d’effectuer des actes simples (pour nous), comme marcher et sauter ; c’est le « paradoxe de Moravec ». D’un point de vue évolutionniste, les machines accomplissent plus aisément des tâches ou actions inventées récemment par les hommes que celles apparues au cours de notre évolution.