Article | L’histoire du féminisme : des origines à nos jours

Le féminisme est un mouvement social et politique qui vise à garantir l’égalité des sexes en combattant les discriminations subies par les femmes. Son histoire s’étend sur plusieurs siècles et se divise généralement en trois à quatre vagues, chacune ayant ses propres revendications et figures emblématiques.

Il s’agit d’un combat de longue haleine qui a évolué en fonction des contextes historiques, sociaux et politiques, tout en restant ancré dans un objectif fondamental : permettre aux femmes de jouir des mêmes droits que les hommes dans tous les aspects de la vie.

« Tant que l’égalité ne sera pas une réalité, le féminisme restera nécessaire. » – Benoîte Groult

Les prémices du féminisme : entre philosophie et luttes individuelles

Avant même l’émergence d’un mouvement féministe structuré, des femmes ont contesté l’ordre établi et revendiqué leurs droits.

Dès l’Antiquité, certaines figures comme Hypatie d’Alexandrie (IVe siècle) défendent le savoir et l’indépendance des femmes dans un monde dominé par les hommes. Cependant, c’est à l’époque des Lumières (XVIIe-XVIIIe siècles) que naît une véritable réflexion sur la condition féminine.

Des intellectuelles marquent cette période par leurs écrits :

  • Mary Wollstonecraft, avec A Vindication of the Rights of Woman (1792), revendique une éducation égale pour les filles et les garçons.
  • Olympe de Gouges, avec sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791), réclame l’égalité politique et sociale des sexes.
  • Condorcet, philosophe des Lumières, soutient également le droit des femmes à l’instruction et à la participation politique.

Ces premières revendications jetteront les bases des luttes futures, bien que les résistances demeurent fortes et que les femmes qui osent s’exprimer soient souvent marginalisées, voire persécutées.

« Les femmes naissent et demeurent libres et égales aux hommes en droits. » – Olympe de Gouges

La première vague (XIXe – début XXe siècle) : le combat pour les droits civiques

La première vague féministe est marquée par la lutte pour l’éducation, le droit de vote et l’émancipation juridique des femmes.

Ce mouvement s’ancre principalement dans le monde anglo-saxon et en Europe, où les revendications féminines commencent à s’organiser autour d’associations et de manifestations publiques.

Les grandes revendications de cette période

  • L’accès à l’éducation, permettant aux femmes de sortir de la sphère domestique et de participer à la vie intellectuelle et professionnelle.
  • Le droit de vote, pour leur donner une voix dans les décisions politiques.
  • L’émancipation juridique, afin de ne plus être considérées comme mineures sous l’autorité des hommes (pères ou maris).

Ces luttes donneront naissance aux suffragettes, notamment en Grande-Bretagne et aux États-Unis, où des militantes comme Emmeline Pankhurst et Susan B. Anthony joueront un rôle essentiel.

« Nous ne voulons pas être des lois faites pour nous ; nous voulons les faire nous-mêmes. » – Emmeline Pankhurst

La deuxième vague (années 1960-1980) : la libération des femmes et l'égalité sociale

La deuxième vague (années 1960-1980) : la libération des femmes et l’égalité sociale

Cette période marque un tournant majeur avec une redéfinition plus large des revendications féministes. Désormais, il ne s’agit plus uniquement d’obtenir des droits politiques, mais aussi de s’attaquer aux inégalités économiques, aux normes sociales et à la domination patriarcale.

Les avancées majeures de la deuxième vague

Plusieurs combats se développent à cette époque :

  • La contraception et l’avortement, avec des figures comme Simone Veil en France et Betty Friedan aux États-Unis.
  • L’égalité professionnelle, pour dénoncer les écarts de salaires et les discriminations à l’embauche.
  • Le rejet du patriarcat, avec des penseuses comme Simone de Beauvoir, qui analysent comment la société construit la subordination des femmes.

C’est aussi durant cette période que les premières lois sur l’égalité salariale sont votées et que les mouvements féministes deviennent massivement soutenus par la société civile.

« Si une femme dit non, c’est non. Si elle ne dit rien, c’est non. Et si elle dit oui, c’est encore non si elle change d’avis. » – Benoîte Groult

La troisième vague (années 1990-2000) : un féminisme intersectionnel et inclusif

La troisième vague féministe élargit les perspectives en intégrant des notions d’intersectionnalité, prenant en compte les discriminations croisées liées à la race, à la classe sociale ou à l’orientation sexuelle.

Un féminisme plus inclusif

Des penseuses comme Kimberlé Crenshaw théorisent l’intersectionnalité, expliquant comment différentes formes d’oppression (sexisme, racisme, classisme) s’entrecroisent.

Aux États-Unis, des militantes comme bell hooks dénoncent la domination patriarcale, mais aussi les discriminations raciales et sociales subies par les femmes noires. Cette vague marque aussi la montée du cyberféminisme, qui utilise internet pour donner de la visibilité aux combats féministes.

Les revendications deviennent plus variées et incluent :

  • Les droits des minorités sexuelles et la reconnaissance des identités de genre.
  • La dénonciation du sexisme dans les médias et la culture populaire.
  • La mise en avant du travail domestique non rémunéré, majoritairement assumé par les femmes.

« Nous ne pouvons pas être libres tant que d’autres femmes restent opprimées. » – Bell Hooks

La quatrième vague (années 2010 à aujourd’hui) : féminisme numérique et dénonciation des violences

La quatrième vague (années 2010 à aujourd’hui) : féminisme numérique et dénonciation des violences

Avec l’essor des réseaux sociaux, le féminisme prend une nouvelle ampleur et s’internationalise rapidement. Des mouvements comme #MeToo et #BalanceTonPorc permettent une libération de la parole et une mise en lumière des violences sexistes et sexuelles.

Les combats féministes actuels

Aujourd’hui, les revendications féministes sont multiples et touchent des domaines variés :

  • La lutte contre les violences sexistes et sexuelles, avec une attention particulière portée au harcèlement, aux agressions et aux féminicides.
  • L’égalité salariale, car les écarts de rémunération entre hommes et femmes persistent dans de nombreux secteurs.
  • Le droit à l’avortement, qui reste menacé dans certains pays, comme aux États-Unis avec la révocation de Roe v. Wade en 2022.
  • La reconnaissance des identités de genre, avec une inclusion plus grande des personnes trans dans les mouvements féministes.

« Brisons le silence. Le temps de l’impunité est révolu. » – Alyssa Milano

Conclusion : un combat en perpétuelle évolution

L’histoire du féminisme est celle d’une lutte constante pour l’égalité. Si des avancées majeures ont été obtenues, les inégalités et les violences persistent.

Le féminisme du XXIe siècle est pluriel, porté par de nouvelles générations qui utilisent les outils numériques pour faire entendre leurs voix. Dans un monde en mutation, où certaines victoires peuvent être remises en cause, le féminisme reste un combat essentiel pour l’émancipation des femmes et des minorités.