Stéphane Bern raconte une princesse totalement oubliée, une épouse d’ambassadeur devenue une icône de la diplomatie européenne, lors des différents congrès qui ont suivi la chute de Napoléon, en côtoyant tous les grands de son monde.

Dorothée de Lieven, une figure remarquable de l’histoire diplomatique européenne, incarne l’élégance et l’intelligence d’une époque marquée par l’intrigue politique et les alliances stratégiques. Née le 27 décembre 1785 à Riga, en Lettonie, elle est issue d’une famille aristocratique russe de haute lignée. Dès son jeune âge, Dorothée montre des talents exceptionnels qui deviendront des atouts précieux dans les cercles diplomatiques.

Sa vie prend un tournant décisif lorsqu’elle épouse le prince Anatole de Lieven en 1800, un diplomate russe influent. Cette union marque le début d’une carrière qui la mènera à travers les capitales les plus prestigieuses de l’Europe. En tant qu’épouse d’un ambassadeur, Dorothée de Lieven déploie une habileté remarquable pour naviguer dans les arcanes du pouvoir et des relations internationales.

Son véritable essor diplomatique commence à Londres, où son mari est nommé ambassadeur en 1812. C’est là que Dorothée déploie tout son charme et son intelligence pour tisser des liens avec les figures clés de la société et de la politique britanniques. Sa maîtrise des langues et sa connaissance des protocoles lui permettent de jouer un rôle non officiel mais crucial dans les négociations internationales de l’époque, notamment pendant les périodes tumultueuses des guerres napoléoniennes et au-delà.

La princesse de Lieven devient rapidement une figure incontournable des cercles diplomatiques européens, jouant un rôle de médiatrice entre la Russie et les puissances occidentales. Sa résidence à Londres, où elle organise des salons fréquentés par les grands de ce monde, devient un haut lieu de la diplomatie informelle. On dit d’elle qu’elle était capable d’influencer les décisions politiques par la subtilité de ses interventions et son charisme naturel.

Au fil des années, Dorothée de Lieven devient une conseillère respectée et écoutée, tant par son mari que par les dirigeants européens. Sa capacité à comprendre les enjeux politiques et à anticiper les mouvements diplomatiques en fait une véritable experte en stratégie internationale. Elle n’hésite pas à utiliser son influence pour promouvoir les intérêts de la Russie tout en maintenant des relations cordiales avec les puissances européennes, contribuant ainsi à stabiliser un continent souvent en proie aux conflits.

Après une carrière diplomatique longue et brillante, Dorothée de Lieven se retire de la vie publique dans les années 1830, mais son héritage perdure. Elle laisse derrière elle le souvenir d’une femme d’une intelligence exceptionnelle, capable de concilier diplomatie formelle et influence informelle avec une grâce et une efficacité remarquables. Son nom reste associé à une époque où les relations internationales étaient façonnées autant par les alliances officielles que par les réseaux informels et les personnalités charismatiques.