À la fin du XVIIe siècle, dans son Dictionnaire universel contenant tout ce qui regarde la connoissance des peuples de l’Orient, Barthélémy d’Herbelot écrivait à l’entrée « Roum » : « C’est le nom que les Arabes et autres Orientaux ont donné aux pays et aux peuples que les Romains et ensuite les Grecs et les Turcs ont soumis à leur obéissance. » Cependant, le mot de Roum peut avoir une signification plus précise chez les Arabes et désigner un espace géographique plus ou moins restreint. À l’entrée « Afrangiah », d’Herbelot nous dit : « C’est ainsi que les Arabes appellent l’Europe du nom de la nation françoise, qui leur a été plus connue qu’aucune autre, à cause des guerres d’Égypte et de la Palestine. Afrangi signifie donc non seulement un François, mais encore un Européen ou, comme ils le nomment aussi, un Latin. » À lui seul, ce Dictionnaire universel sur le monde oriental de D’Herbelot prouve la considération que les auteurs arabes anciens, et plus précisément les géographes, portaient à l’égard de l’Europe. Storiavoce vous propose aujourd’hui de revenir aux origines des représentations : comment le monde arabo-musulman voyait-il notre vieux continent ? Qui étaient ces auteurs et ces géographes qui, dès le deuxième quart du VIIe siècle, pensaient le monde ? Comment ce regard a-t-il évolué ? S’est-il affiné ou au contraire perdu dans des généralités acquises ? Pourquoi aussi représenter l’espace qui nous entoure ? Existe-t-il des raisons et des motivations politiques, ou bien est-ce simplement le fruit d’une volonté, celle de réunir des connaissances dans un cadre encyclopédique ?