Cinq siècles : c’est le temps que durera le Nouvel empire (1567-1085 avant J.-C.). Cinq siècles durant lesquels la forme pyramidale est celle qui symbolise le mieux l’Egypte.
Pyramide du pouvoir, d’abord, avec le pharaon, fils des dieux, qui voit son caractère divin confirmé et étendu à toute sa famille, notamment sa sœur élevée au rang d’épouse d’Amon – une divinité qui prend alors l’allure de la racine de la dynastie. Une divinisation des pharaons et de toute leur famille qui explique aussi la multiplication des temples consacrés au culte des ancêtres des souverains ; des temples qui comptent parmi les joyaux de l’architecture égyptienne, comme Louxor ou Abou Simbel.
Souverain divin, le pharaon multiplie alors les lois, répercute ses exigences auprès des vizirs et d’une hiérarchie de fonctionnaires qui font de la société égyptienne une pyramide dont le pharaon est la pointe et le peuple la base.
Enfin, la forme pyramidale se retrouve dans l’éclosion d’une Egypte ouverte sur le monde, une Egypte qui fait converger vers elle tous les commerces, notamment des matières les plus précieuses.
De fait, au cours de ces cinq siècles, l’Egypte devient le cœur du monde méditerranéen, étend son pouvoir bien au delà de la vallée du Nil à travers des colonies et des protectorats.
Le Nouvel empire s’ouvre en 1567 avant J.-C. lorsque un prince thébain, Ahmosis, expulse les Hyksos vers le nord puis définitivement hors d’Egypte. Une expulsion qui sera suivie de la réunification du pays, imposée par le nouveau pharaon et confirmée par son fils, Aménophis Ier –forme grec du nom égyptien Amenhotep.
Une unification qui devait passer autant par la conquête militaire que par l’homogénéisation de l’administration –l es charges des fonctionnaires étant désormais obtenues au mérite et non héréditairement-, de la législation – qui se structure, sous l’autorité de pharaon, au Nouvel empire-, du culte et du calendrier. Le culte unifié, centralisé en quelque sorte autour de pharaon et de sa famille.Vainqueur des Hyksos, Aménophis Ier va également unifier la politique de conquête de l’Egypte.
D‘abord destinée à protéger le nouveau royaume d’invasions extérieures, cette politique va ensuite viser à assurer un pouvoir sur des contrées riches de Nubie notamment, qui devient une colonie placée sous l’autorité d’un vice-roi devant payer tribut et dont les princes seront élevés à la cour de pharaon afin d’assurer leur fidélité. Au Nord, Canaan, la Phénicie et, plus fragilement, la Syrie deviendront des protectorats, les princes de ces contrées bénéficiant du système de fonctionnariat égyptien, avec plus ou moins de succès.C’est à Thoutmôsis III (1504-1450 avant J.-C.) que revient le mérite de la domination égyptienne.
Marchant sur les pas de son père, Thoutmôsis II, et de sa belle-mère, Hatchepsout, il mènera pas moins de dix-sept campagnes qui, en vingt ans, briseront les coalitions mitanienne et kadeshienne en Asie, portant à l’Euphrate les frontières de l’Egypte. Thoutmôsis III n’est d’ailleurs pas le seul nom célèbre de cette période qui, en réalité, se révélera la plus féconde en caractères exceptionnels.
Akhénaton, Néfertiti, Horemheb et Ramsès II : autant de noms qui célèbrent la grandeur de l’Egypte. Une grandeur incontestablement atteinte au Nouvel empire. Une grandeur qui commencera à décliner dès la fin du règne de Ramsès III (1198-1166 avant J.-C.).
Dernier grand pharaon conquérant, Ramsès III prend le pouvoir après une guerre de succession dont les peuples voisins ont décidé de profiter.
Les Peuples de le mer – sans doute des Mycéniens et des Achéens ou, selon d’autres théories, des Européens – avaient vaincu les Hittites, Chypre et Ougarit ; les Sardes, les Grecs achéens, les Libyens enfin assaillent l’Egypte de toutes parts.
Une agression, une invasion que Ramsès III saura repousser, annihiler même en incorporant les Libyens parmi ses armées qui se dotent donc de mercenaires. Une politique qui a un coût, économique autant que symbolique. Une politique qui, de paire avec la révolte des prêtres d’Amon, reléguera la pharaon au rang de simple mortel, exposant la personne du souverain aux attaques et aux complots.
Ramsès III ne sera pas le seul à être victime des conspirations ; tous ses successeurs auront à freiner les ambitions des fonctionnaires tout en constatant la perte d’influence de l’Egypte dans le monde antique. A l’anarchie grandissante, succédera la guerre civile entre le pharaon Ramsès XI et les prêtres d’Amon.
Et la victoire de ces derniers annoncera la fin du Nouvel empire.