Nous avons oublié de nos jours la vive émotion suscitée dans toute l’Europe romantique par la guerre d’indépendance grecque (1821-1830). En insistant sur le rôle majeur joué par Byron et Delacroix dans la propagation du sentiment philhellène, cette conférence s’efforcera de décrire ce vaste mouvement de compassion, de solidarité et d’enthousiasme pour la cause de Grecs révoltés contre une domination ottomane longue de quatre siècles. Elle se propose d’appréhender le philhellénisme dans sa pleine texture d’émotion politique et internationale, de mieux cerner la manière dont les opinions se sont emparées de l’événement, en y projetant leurs attentes et frayeurs, leurs espoirs et nostalgies. Et ce jusqu’à faire de cette guerre lointaine entre Grecs et Turcs un événement sursignifiant et largement imaginaire, mais qui aboutit néanmoins à l’intervention des puissances et à la création du premier Etat-nation du XIXe siècle.