Aux quatre coins du monde, des chercheurs mobilisent des technologies de pointe pour recréer des espèces disparues ou promises à l’extinction. De la résurrection du mammouth au sauvetage du rhinocéros blanc du Nord, focus sur quatre projets en cours.
Depuis la disparition en 2018 du dernier mâle rhinocéros blanc du Nord, il ne reste plus, dans une réserve du Kenya, qu’une mère et sa fille comme représentantes de l’espèce. Pour que cette dernière ne disparaisse pas avec elles, une équipe du consortium BioRescue, rattaché à un établissement public – l’Institut Leibniz pour la recherche sur la faune sauvage et de zoo (IZW) –, est à pied d’œuvre : des ovocytes prélevés sur les deux femelles s’apprêtent à être fécondés in vitro avec les spermatozoïdes congelés de quatre mâles morts dans des zoos, avant l’implantation d’un embryon dans l’utérus d’une mère porteuse rhinocéros blanc du Sud.
Les mammouths, disparus il y a 4 000 ans, suscitent quant à eux l’intérêt du laboratoire américain privé Colossal Biosciences. Ses chercheurs travaillent à produire ex vivo (avec des utérus artificiels) des embryons à partir de cellules prélevées sur des mammouths, libérés des sols dégelés de Sibérie, et d’ovocytes d’éléphantes d’Asie, dont le génome correspond à 99,6 % à celui de l’ancien mastodonte. Ils espèrent que leur premier bébé mammouth verra le jour d’ici à 2028.
En Westphalie orientale, des biologistes poursuivent de leur côté les travaux entamés dans les années 1920 pour recréer une copie plus ou moins conforme de l’auroch de Heck, dont l’espèce s’est éteinte au XVIIIe siècle. En Australie, Colossal Biosciences, qui compte parmi ses investisseurs une société financée par la CIA, apporte également son soutien aux biologistes mobilisés sur la résurrection du thylacine ou tigre de Tasmanie, le plus grand marsupial carnivore du continent jusqu’aux années 1930.
Promesses démiurgiques
Alors que, selon certaines études, près de 58 000 espèces disparaissent chaque année et que nous sommes témoins – et responsables par nos activités – de la sixième extinction de masse sur Terre tant la disparition des espèces s’accélère, ce documentaire suit, sur le terrain et dans les laboratoires, les projets de recherches menés sur plusieurs continents. Les scientifiques espèrent contribuer, avec ces réintroductions d’animaux disparus ou en passe de l’être, à la restauration d’écosystèmes, où ces derniers jouaient un rôle important. Mais en mettant en lumière les différentes méthodes de procréation médicalement assistée qu’ils utilisent pour y parvenir, ce documentaire soulève aussi les craintes et interrogations éthiques liées à ces promesses démiurgiques : « la science ouvre-t-elle une boîte de Pandore sans savoir exactement ce qui en sortira ? », s’inquiète ainsi une spécialiste de la biodiversité.
Documentaire d’Herbert Oswald (2024, 53mn)
Disponible jusqu’au 31/12/2027