Retraçant une carrière à nulle autre pareille, Ken Burns signe un portrait foisonnant de Léonard de Vinci (1452-1519), s’appuyant notamment sur les riches carnets laissés derrière lui par ce génie universel.

Il est le modèle absolu du génie de la Renaissance. Fils illégitime d’un notaire, Léonard de Vinci voit le jour en 1452 dans la campagne toscane. Florence, la capitale régionale, est alors l’un des épicentres d’une révolution du savoir sans précédent dont il va devenir l’un des plus grands contributeurs. Entré après des études sommaires dans l’atelier du peintre et sculpteur Andrea del Verrocchio, Léonard s’émancipe à 30 ans de son mentor. Bientôt artiste réputé à Florence pour la finesse de sa touche et la vie qu’il parvient à insuffler à ses sujets, il poursuivra une carrière brillante au gré des commandes et des mécènes : en 1482, il entre à la cour milanaise du duc Ludovic Sforza, dont il sera l’ingénieur en titre. Entre deux commandes de peintures, qu’il abandonne parfois en cours de route, ou de mises en scène de spectacles, Léonard, poussé par une insatiable curiosité, se consacre à des recherches personnelles d’une extraordinaire richesse, imaginant des machines aux mécaniques complexes, noircissant des carnets sur une infinie variété de sujets scientifiques – anatomie, géométrie, optique, astronomie, hydrodynamique, horlogerie, urbanisme, cartographie… Toujours inspiré par ce qui sera son obsession, et qui guidera toutes ses entreprises : l’observation de la nature et la découverte de ses lois, dans une contemplation ininterrompue de la beauté des choses et des êtres. 

Originalité radicale 

« Plus que n’importe qui d’autre, Léonard est celui qui a émancipé les peintres de leur position de simples artisans pour les élever au rang qu’ils occupent encore aujourd’hui, celui de visionnaires, de philosophes, de princes de l’esprit », explique l’écrivain Adam Gopnik, l’un des intervenants de ce foisonnant documentaire, aux côtés notamment de l’historien de l’art Martin Kemp, des biographes Carlo Vecce et Charles Nicholl ou du cinéaste Guillermo del Toro. En s’appuyant sur ses tableaux autant que sur ses fascinants carnets – des milliers de pages de croquis, notes et ébauches de traités que Léonard ne publiera jamais –, les coréalisateurs Ken Burns (Vietnam, L’Amérique face à l’Holocauste), sa fille, Sarah Burns, et son gendre, David McMahon, qui travaillent depuis longtemps en famille, y retracent avec élégance et érudition la carrière d’un « disciple de l’expérience », dont les réalisations artistiques ne constituent qu’un aspect du génie. Le portrait inspiré d’un esprit universel non dépourvu de contradictions, dont l’originalité radicale et la modernité continuent de subjuguer plus de cinq siècles après sa mort.

Documentaire de Ken Burns, David McMahon et Sarah Burns (États-Unis, 2024, 1h28mn)
Disponible jusqu’au 18/07/2025