Article | L’affaire des poisons

Françoise Athénaïse de Rochechouart de Mortemart, mieux connue sous le nom de marquise de Montespan, était une figure éblouissante de la cour de Louis XIV. Avec son charme, sa beauté et son esprit vif, elle séduisait tous ceux qui croisaient son chemin.

Cependant, le plus impressionnant était sa capacité à manier la conversation et l’art du bon mot avec un talent inégalé, ce qui la rendait irrésistible aux yeux du roi.

La question qui se pose donc est : pourquoi cette femme, si parfaitement équipée pour séduire, a-t-elle ressenti le besoin de recourir aux services discutables de Catherine Deshayes?

Le procès de la marquise de Brinvilliers et la découverte des pratiques occultes

L’affaire a débuté avec le procès de la marquise de Brinvilliers, accusée et condamnée pour empoisonnement. Ce qui a commencé comme une enquête sur un cas d’empoisonnement s’est rapidement transformé en une révélation de l’existence d’un monde caché de sorcellerie, d’usage de poisons et de célébration de messes noires.

Ces pratiques étaient alors monnaie courante non seulement parmi le peuple et la bourgeoisie, mais aussi parmi les membres de la haute noblesse. Devant l’ampleur de cette sombre affaire, le roi Louis XIV a décidé de créer une Chambre ardente, connue sous le nom de Cour des Poisons.

La cour des poisons : un regard effrayant sur le monde occulte

La Cour des Poisons, au travers de deux cents audiences et huit cents interrogatoires, a révélé un vaste réseau de trafic de philtres, de drogues et de poisons en tous genres.

Les verdicts ont été sévères : trente-six condamnations à mort, quatre condamnations aux galères et une trentaine de peines diverses.

Catherine Deshayes, également connue sous le nom de La Voisin, a été la principale accusée et a finalement été brûlée sur la place de Grève en février 1680.

Après le procès public de La Voisin, l’enquête a continué en secret. Des personnalités notables de la cour, dont Racine, la vicomtesse de Grammont, la duchesse de Bouillon, la comtesse de Soissons (deux nièces de Mazarin) et la marquise de Montespan, avaient déjà été mentionnées lors des interrogatoires.

Cependant, les accusations portées contre la marquise de Montespan étaient beaucoup plus graves. Elle était accusée de tentative de meurtre et de l’usage de philtres pour manipuler les sentiments du roi.

La chute de la favorite

Louis XIV, bien qu’il ait probablement cru que sa favorite avait effectivement usé de drogues sur lui, ne pouvait se permettre de la condamner. Elle n’était pas seulement sa favorite, mais aussi la mère de ses enfants illégitimes. L’affaire des poisons s’est alors arrêtée brusquement, sans aucune autre condamnation, exceptée celle du roi lui-même.

La marquise de Montespan a été discrètement reléguée dans un coin obscur de Versailles, abandonnée par tous ceux qui l’admiraient auparavant. Elle a vécu encore dix ans à la cour, sans que le roi ne lui adresse jamais la parole, un isolement royal qui, pour l’ancienne reine de Versailles, a été aussi cruel qu’une condamnation à mort.