La reddition des vétérans japonais de l’île d’Anatahan le 30 juin 1951

La capitulation du Japon, acceptée par Truman dès le 12 août 1945 mais formellement signée à bord du fameux cuirassé Missouri le 2 septembre 1945 – soit près d’un mois encore après l’explosion d’Hiroshima – ne met pas réellement fin à la guerre du Pacifique.

Les « holdouts » japonais

Par la suite, et pendant des années, le monde apprend avec incrédulité que des soldats nippons abandonnés en jungle et dans les îles se rendent progressivement, parfois au prix de rudes combats, comme en février 1946 sur l’île philippine de Lubang où l’armée locale dût affronter une trentaine de japonais encore armés et disposés à en découdre.

Ces vétérans perdus sont appelés, en américain, les « holdouts », soit littéralement : « ceux qui durent ».

L’histoire frappante de l’île d’Anatahan

Une des plus frappantes histoires de holdout se déroule sur l’île volcanique d’Anatahan, située à 75 milles nautiques au nord de Saipan.

À partir de juin 1944, plusieurs bateaux japonais sont coulés dans ses environs immédiats et les survivants parviennent à en gagner le rivage, dans la compagnie assez mystérieuse d’une femme d’Okinawa appelée Kazuko Higa.

La communauté ainsi constituée, forte d’une trentaine d’individus, se nourrit de noix de coco, de taro, de sucre de canne et de poisson ; ils fabriquent des cigares grossiers à l’aide de feuilles de papaye, ainsi qu’un vin de palme aux effets douteux qu’ils appellent le « tuba ».

Les tensions et la survie sur l’île

Les hommes se partagent les faveurs successives de Mlle Higa, ce qui ne va pas sans heurts puisque 11 d’entre eux seront assassinés pour d’obscurs motifs de jalousie.

En février 1945 toutefois, un bombardier américain B29 s’écrase sur l’île et son équipage est tué – peut-être dans l’accident, peut-être ensuite.

Pour les naufragés, c’est une aubaine qui améliore l’ordinaire : le métal est employé à fabriquer des couteaux, les parachutes sont transformés en tuniques et la carcasse sert à transformer les huttes de fortune.

Découverte et évacuation

Au même moment, soit au début de l’année 1945, les pêcheurs de la région savent que des japonais vivent là et que leur état sanitaire et mental se détériore ; mais les mitrailleuses du bombardier sont entre leurs mains et personne n’ose aborder le rivage.

En juillet 1950 pourtant, Mlle Higa s’échappe et est évacuée. Les autorités nipponnes identifient les familles des soldats abandonnés et leur demandent de préparer des lettres qui seront ensuite parachutées sur l’île.

Les vétérans japonais, consternés par la capitulation, sont finalement évacués dans le cadre d’une opération baptisée « removal » à bord du navire américain USS Cocopa, le 30 juin 1951 au matin après s’être rendus formellement.

Adaptation cinématographique

Leur histoire a été adaptée au cinéma par Josef Von Sternberg en 1953.