Mardi 23 mars 2010, Melun s’apprête à rendre un hommage exceptionnel au policier tué par ETA. Le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy prend la parole. Soudain une dizaine de policiers lui tournent le dos. Un geste de défi envers ce président qui avait il y a encore peu la confiance des policiers…. Le symbole surtout d’un malaise profond qui gangrène depuis cinq ans cette institution fondamentale. C’est par cette scène inattendue que s’ouvre « La police et Sarko ». Des flics « de base » racontent leur quotidien, ceux que l’on envoie au mastic quand les banlieues s’enflamment, ceux qui sont sur le terrain dans les zones sensibles. Emeutes urbaines, trafics de drogue, misères sociales, violences quotidiennes. Ces hommes et ces femmes nous font toucher du doigt avec des mots simples et forts une réalité terrible. Saviez-vous que durant les émeutes de Villiers Le Bel plus de 30 flics ont été blessés par balle ? Saviez vous que leur hiérarchie les a empêché de parler ? On comprend que derrière les déclarations martiales de l’Elysée, le désarroi, le malaise des flics est profond. Pris en étau entre des délinquants qui considèrent les « keufs » comme « une bande rivale » et une hiérarchie qui ne leur donne pas les moyens de faire leur boulot. « La peur a changé de camp » dit l’un des policiers qui explique bien que cela fait longtemps que la République, droite et gauche comprise, a baissé les bras dans certains quartiers. Aujourd’hui la consigne c’est : surtout pas d’émeute. Un film brut, sans a priori, qui révèle aussi comment de jeunes flics, mal formés, sans moyen, impuissants, franchissent eux aussi la ligne jaune. Un documentaire qui a le mérite d’ouvrir un vrai débat démocratique sur notre responsabilité à tous. Documentaire réalisé par Jean-Michel Décugis. Producteur : Daniel Leconte