Au milieu du XVe siècle, un tisserand qui s’appelait Kabir et qui ne savait sans doute ni lire ni écrire, tenait échoppe à Bénarès. Pourchassé à la fois par les Brahéanes et par les docteurs musulmans, il célébrait dans ses poèmes, qui étaient d’abord des chants, l’universelle présence du divin dans les êtres comme dans les choses. Car les Dieux sont d’abord en nous comme ils sont dans la terre où se posent nos pas, ou dans l’eau claire où nous rafraîchissons nos visages. Ils habitent surtout la lampe où brûle l’huile de la vie et dont la flamme est la musique de l’âme. Par cette proximité avec la texture matérielle de la création, Kabir est un poète extraordinairement contemporain qui n’est pas sans évoquer pour nous Henri Michaux, Michel Leiris et la tradition hermétique de notre culture.
[RAPPEL des jours de publication :
– Lundi : modèles antiques (poètes de la Bible, de la Grèce ou de la Rome antique) ;
– Mardi : poésie médiévale ;
– Mercredi : poètes de la Renaissance ;
– Jeudi : poètes de l’Âge classique et baroque ;
– Vendredi : inspirations étrangères (du Dolce stil novo à la Beat Generation) ;
– Samedi : poètes de la Modernité ;
– Dimanche : poètes du XXème siècle ou poésie vivante.]
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