Abdalah-Azis et ses collègues ouvriers ont occupé le chantier de l’Adidas-Arena, le futur stade olympique pour la construction duquel ils étaient illégalement employés. Un mouvement social qui a mis sous pression le maître d’oeuvre, pressé de livrer l’équipement, la Ville de Paris (si fière d’organiser des Jeux « exemplaires ») et le gouvernement français qui prône la fermeté en matière d’immigration.

Paris se prépare en effet à accueillir les Jeux olympiques et paralympiques. La candidature française a été retenue sur la foi de cette promesse d’exemplarité. Mais sur les nombreux chantiers opérés par les géants du BTP, la réalité est toute autre : pour tenir des calendriers serrés, les entreprises délèguent à des sous-traitants l’embauche de milliers d’ouvriers. Une manière de fermer les yeux sur le fait que nombre d’entre eux, sans-papiers, travaillent dans des conditions dangereuses.

Abdalah-Azis, peintre en bâtiment, est l’un d’entre eux. Comme ses collègues sans-papiers affectés à la construction de l’Arena à La Chapelle, il s’est mis en grève pour contraindre son employeur à le régulariser en misant sur la pression qui monte à l’approche des JO. Après cinq ans de travail éprouvant pour un sous-traitant qui l’a successivement embauché sous trois identités différentes, Abdalah-Azis espère se voir bientôt attribuer un titre de séjour pour pouvoir enfin se rendre au Mali chez sa mère, qui vit seule depuis le décès de son époux.

Les grévistes sont prêts à tout risquer pour faire valoir leurs droits. Leur projet, mûri en secret dans le bureau d’Étienne – un syndicaliste de la première heure –, se réalise le 17 octobre dernier : dès l’aube, les ouvriers affluent sur le chantier du stade et enfoncent les barrières de sécurité pour occuper le site. C’est le début d’un bras de fer qui va durer des mois, opposant les travailleurs sans-papiers au maître d’œuvre et à la Ville de Paris.

Reportage (Allemagne, 2024, 30mn)
Disponible jusqu’au 26/06/2029