Au cœur du modèle économique d’Internet, la publicité en ligne s’appuie sur des algorithmes tout-puissants et mal régulés, qui favorisent la désinformation, la haine en ligne et les escroqueries… Enquête sur la face sombre de l’ »économie de l’attention » promue par les géants du Net.
S’il s’est construit autour d’une promesse de gratuité, l’Internet tel que nous le connaissons est aujourd’hui financé – et gangrené – par la publicité. Dominé par le géant Google Ads, c’est un marché colossal de 400 milliards de dollars annuels, dépassant largement celui de la publicité traditionnelle, et dont le fonctionnement demeure opaque pour ses usagers. En acceptant les cookies sur les sites, les applications ou les réseaux sociaux que nous visitons, nous donnons accès à nos données personnelles, que les plates-formes utilisent pour nous proposer des annonces « sur mesure » ciblant nos centres d’intérêt. Cette technologie publicitaire inédite a fait naître un tout nouveau territoire à conquérir pour le capitalisme moderne : celui de l’économie de l’attention. On n’achète plus des espaces, mais des paires d’yeux, tandis que la vente de données est devenue un marché lucratif, animé par des courtiers spécialisés et souvent peu regardants. Au cœur de ce système, des algorithmes d’une extrême complexité, conçus pour maximiser la présence en ligne des internautes en leur proposant toujours plus de contenus, mais qui finissent souvent par favoriser les fake news, la haine en ligne et les escroqueries…
Bulles de désinformation
Si ces algorithmes sont présentés comme neutres, ils s’appuient sur la psychologie humaine pour exploiter nos pires travers. En favorisant les contenus accrocheurs, souvent trompeurs ou mensongers au détriment des contenus de qualité, ils peuvent aller jusqu’à enfermer l’usager dans une « bulle » de désinformation de plus en plus extrême. Les répercussions dans la vie réelle sont parfois gravissimes : les systèmes de recommandations de Facebook auraient ainsi joué un rôle de catalyseur dans l’assaut du Capitole, aux États-Unis, ou dans les massacres de Rohingya au Myanmar. Dans cette enquête, qui s’appuie sur d’édifiants cas d’école, des cyberexperts, journalistes, chercheurs, victimes d’escroquerie en ligne, législateurs et militants – parmi lesquels d’anciens employés du secteur devenus lanceurs d’alerte – prennent la parole pour dénoncer un système pervers qu’il devient urgent de mieux réguler.
Documentaire de Peter Porta (Espagne/France, 2023, 1h27mn)
Disponible jusqu’au 19/12/2024