Ils sont jardiniers, plagistes, cuisiniers ou concierges, et ils sont les mille et une petites mains qui permettent aux hôtels les plus prestigieux d’offrir à leurs clients un service sur mesure. Pour eux, chaque jour est une course permanente vers l’excellence. Entre les caprices des uns et les exigences des autres, ils doivent toujours répondre oui, avec le sourire. Le temps d’un été à Juan-les-Pins, dans l’un des plus prestigieux hôtels 5 étoiles de la Côte d’Azur, nous avons suivi le quotidien de ces hommes et femmes de l’ombre, qui font tout pour offrir du rêve aux vacanciers.
Luca, c’est l’homme-orchestre de l’hôtel. Depuis dix ans, le chef concierge se met en quatre pour répondre aux moindres désirs de ses clients. Leur trouver un hélicoptère pour une balade à Saint-Tropez, réserver à la dernière minute une table pour sept dans le restaurant le plus à la mode de Juan-les-Pins, il a réponse à tout. Et surtout, il connaît les clients fidèles par c??ur : «C’est comme une famille. On les attend. Parfois on se dit: comment ça se fait qu’ils ne sont pas encore venus ? C’est bien de les voir revenir ! ». Luca a un rêve : ouvrir un jour son propre hôtel. Il collectionne d’ailleurs depuis l’enfance toutes les brochures d’hôtels de luxe qu’il peut trouver : une collection surréaliste à la mesure de ses rêves.
A 63 ans, Marco n’a jamais quitté le ponton sur lequel il a grandi, et appris ce qui allait devenir la passion d’une vie : le ski nautique. Cet ancien champion de France donne toujours des leçons aux clients de l’hôtel, et a converti sa femme, sa fille et ses petites-filles à sa passion. « On commence à parler de ski nautique au petit déjeuner, et le soir à l’apéro on en parle encore ! Se retrouver en famille autour de cette passion, c’est un moment de bonheur incomparable. » Cet été, il prépare un spectacle acrobatique sur l’eau pour le 14 juillet, et a embarqué toute sa famille dans l’aventure.
Jérôme, 24 ans, est l’un des nombreux saisonniers de l’hôtel. Cet étudiant en école de commerce a décroché un job de plagiste pendant l’été pour payer ses études. Toute la journée, sous un soleil de plomb, il galope, plateau en main, pour servir les vacanciers. « Heureusement que j’ai une nature de marathonien, parce que je fais dix à quinze kilomètres par jour, et parfois je n’ai même pas le temps de manger ou de faire une pause dans la journée ». Le métier demande une telle endurance que chaque année, un tiers des saisonniers abandonnent en cours de saison. Pour Jérôme, le défi est donc de tenir, jusqu’à la fin de l’été.
Cette place au palace, c’était le rêve de sa vie. Raphaël est jardinier, et il a décroché ce poste il y a deux ans après avoir longtemps été jardinier municipal. Ici, il peut donner la pleine mesure de son talent, en faisant de la terrasse un jardin d’Eden pour les clients. « Ce dont je peux être fier, c’est de m’être fait tout seul. J’ai démarré avec juste un CAP de production florale. Mais quand on aime son métier, quand ça vous chatouille les tripes, quand on vient au travail heureux, on est comblé. » Cet été, il est chargé de réaliser des compositions florales pour décorer tout l’hôtel à l’occasion du 14 juillet. Un nouveau défi pour cet autodidacte.
Yoric Tièche est le chef du restaurant gastronomique de l’hôtel. Cette année, il vient de décrocher le Saint Graal des cuisiniers : une étoile au guide Michelin. « L’étoile c’est un but, une ambition. C’est la rencontre d’un cuisinier, d’une équipe, d’un lieu. C’est l’envie d’aller toujours plus haut qui nous porte, une deuxième étoile, on y pense tous les soirs en cuisinant. » Cet été, il devra se surpasser pour espérer passer à l’étape suivante dès l’an prochain.
Première diffusion : 08/10/2016
Un reportage de Pierre-olivier LABBE et Delphine KLUZEK