Le déclin alarmant de la biodiversité a déclenché une série de conséquences économiques graves à travers le monde. Cette crise environnementale ne se limite pas seulement à la disparition des espèces, mais a également des répercussions économiques significatives. Les écosystèmes dégradés et les services écologiques affaiblis compromettent directement plusieurs secteurs économiques clés.

Les pertes économiques résultent principalement de la diminution des ressources naturelles et des services écologiques fournis par les écosystèmes. Par exemple, la déforestation massive entraîne la perte de habitats pour de nombreuses espèces, réduisant ainsi les possibilités de découvertes de nouveaux médicaments ou de technologies inspirées de la nature. De plus, la diminution des populations d’abeilles et d’autres pollinisateurs menace la production agricole mondiale, ce qui pourrait entraîner une baisse de la productivité des cultures et une augmentation des coûts alimentaires.

La perte de biodiversité impacte également les industries du tourisme et des loisirs, qui dépendent souvent de la beauté naturelle et de la diversité des espèces pour attirer les visiteurs. Les récifs coralliens en déclin, par exemple, non seulement privent les communautés locales de revenus touristiques, mais peuvent aussi affaiblir les barrières naturelles contre les tempêtes, augmentant ainsi les coûts de reconstruction après des événements climatiques extrêmes.

Face à cette situation préoccupante, la conciliation entre économie et protection de l’environnement devient une nécessité urgente. Les approches traditionnelles qui opposent souvent développement économique et conservation doivent céder la place à des stratégies intégrées qui reconnaissent la valeur intrinsèque de la nature et ses contributions essentielles au bien-être humain et économique.

Une voie prometteuse consiste à adopter des modèles économiques durables qui valorisent et intègrent les services écosystémiques dans les décisions économiques. Cela pourrait inclure des incitations financières pour encourager les pratiques agricoles durables, des investissements dans la restauration des écosystèmes et la création de zones protégées, ainsi que des politiques fiscales qui internalisent les coûts environnementaux dans les activités commerciales.

De plus, les innovations technologiques peuvent jouer un rôle crucial en aidant à minimiser l’empreinte écologique des industries tout en stimulant la croissance économique. Les énergies renouvelables, par exemple, non seulement réduisent les émissions de gaz à effet de serre, mais créent également de nouvelles opportunités d’emploi et de croissance économique durable.

Enfin, l’éducation et la sensibilisation jouent un rôle essentiel en permettant aux individus, aux entreprises et aux gouvernements de comprendre les enjeux liés à la perte de biodiversité et aux avantages économiques d’une gestion durable des ressources naturelles. En investissant dans la recherche, en renforçant la coopération internationale et en adoptant des politiques environnementales ambitieuses, il est possible de préserver la biodiversité tout en stimulant une économie résiliente et prospère pour les générations futures.

Catherine Aubertin, économiste de l’environnement, directrice de recherche à l’IRD et au Muséum national d’Histoire naturelle.