Trente ans après sa découverte, la grotte Chauvet continue d’intriguer le monde scientifique. Suivant l’équipe pluridisciplinaire qui l’étudie, ce film éclaire d’un jour nouveau le mode de vie de nos ancêtres sapiens et leurs pratiques artistiques. 

Nichée dans les gorges de l’Ardèche, Chauvet, l’une des plus anciennes grottes ornées au monde, a surgi en décembre 1994 sous les yeux éblouis de Christian Hillaire, Éliette Brunel et Jean-Marie Chauvet, trois archéologues amateurs. Remontant, pour certaines, à 36 000 ans avant notre ère, ses centaines de figures d’animaux témoignent de la maîtrise époustouflante du dessin et de la composition d’Homo sapiens. Imposants mammouths, lions lancés à la poursuite de bisons, chevaux qu’on croirait en mouvement… « On est submergés par le cadre et la beauté de ces dessins », témoigne Carole Fritz, spécialiste de l’art préhistorique au CNRS et responsable de l’équipe interdisciplinaire d’une vingtaine de chercheurs qui explore cette « cathédrale » de 8 500 mètres carrés. Fermée au public à des fins de préservation, la grotte Chauvet dispose d’une réplique, située à quelques kilomètres, ouverte à la visite. Seuls les chercheurs ont accès à l’original, mais uniquement un mois par an. Afin de l’étudier en continu, ils ont entrepris de la modéliser en 3D en recourant à la photogrammétrie, technique qui consiste à recréer des volumes à l’aide d’innombrables prises de vue. 

Ce documentaire nous fait pénétrer dans cet espace fermé au public, y compris dans des recoins jusqu’alors inexplorés, comme la salle de la sacristie, abritant le dessin quasi-grandeur nature d’un superbe lion noir. Suivant l’équipe scientifique qui l’ausculte, et dont les membres s’avouent régulièrement saisis par l’émotion au contact des lieux, il expose les questions auxquelles ces travaux s’efforcent de répondre. Qui étaient ces artistes ? Comment utilisaient-ils la grotte ? Que signifiaient leurs œuvres ? Sans lever toutes les inconnues, ces recherches, loin d’être achevées, nous permettent d’approcher la pensée et les techniques de ces artistes de l’ère aurignacienne, gommant au passage les représentations erronées. Exit l’image de la horde d’hommes sauvages à moitié nus, fuyant les prédateurs. Nos ancêtres apparaissent comme des êtres raffinés, vêtus de peaux de bêtes travaillées, arborant perles, coiffes sophistiquées, et connaissant à fond leur territoire. Le fait qu’aucune trace de vie quotidienne n’ait été découverte dans la grotte signifierait aussi qu’Homo sapiens ne s’y réfugiait pas pour se protéger du froid. Il s’agirait plutôt d’un lieu de célébration, à mi-chemin entre le temple et le théâtre, où, par les jeux d’ombres créés par des torches, l’amplification des sons sous les voûtes et la répétition des motifs, les fresques dessinées se seraient animées comme dans un film. Passionnante et argumentée, l’exploration d’une cavité de toute beauté, doublée du récit d’une aventure scientifique. Celle-ci éclaire d’un jour nouveau le mode de vie de nos ancêtres et esquisse ce qui serait l’un des premiers mythes de l’humanité.

Documentaire disponible jusqu’au 30/01/2025