Sir Francis Drake, né en 1540 dans le comté de Devon en Angleterre, est une figure marquante de l’ère élisabéthaine, connu pour ses exploits en tant que navigateur, corsaire et marchand d’esclaves. Sa vie tumultueuse s’inscrit dans un contexte de rivalité intense entre l’Angleterre et l’Espagne, ainsi que dans l’expansion du commerce maritime et colonial de l’époque.

Drake commence sa carrière de marin sous les ordres de son parent, John Hawkins, un autre grand navigateur anglais. Ensemble, ils participent à des expéditions qui mêlent commerce, exploration et piraterie. Le commerce des esclaves africains figure parmi leurs premières entreprises. En 1567, lors d’une expédition vers l’Amérique, ils capturent des Africains qu’ils tentent de vendre aux colonies espagnoles d’Amérique. Cependant, cette expédition tourne mal lorsque les Espagnols attaquent leur flotte à San Juan de Ulúa, au Mexique. Cet épisode marque profondément Drake et contribue à alimenter son ressentiment envers l’Espagne.

C’est dans ce climat de tensions croissantes que Drake se fait connaître comme un corsaire redouté. Avec l’autorisation de la reine Élisabeth Ire, il mène des attaques contre les navires espagnols et leurs colonies, pillant leurs richesses et affaiblissant leur empire. Son plus grand coup d’éclat survient en 1577, lorsqu’il est chargé par la reine d’une expédition secrète. Officiellement destinée à explorer les côtes américaines du Pacifique, cette mission a en réalité pour but de perturber le commerce espagnol. Ce périple, connu sous le nom de « circumnavigation » (premier tour du monde par un Anglais), débute par une traversée de l’Atlantique vers l’Amérique du Sud. Après avoir franchi le détroit de Magellan, Drake s’attaque aux possessions espagnoles sur la côte ouest de l’Amérique, pillant ports et navires.

Son voyage devient légendaire lorsqu’il capture le galion espagnol « Cacafuego », chargé de trésors immenses. Richement chargé, Drake poursuit son expédition à travers l’océan Pacifique, naviguant le long des côtes de l’Asie avant de rentrer triomphalement en Angleterre en 1580. Ce tour du monde, qui lui vaut d’être anobli par Élisabeth Ire, renforce considérablement sa réputation. En plus de ses exploits en mer, Drake devient un symbole de la résistance anglaise face à l’Espagne, alors la puissance dominante en Europe.

En 1588, l’Angleterre est menacée par l’Invincible Armada, une flotte espagnole imposante envoyée par le roi Philippe II pour envahir l’île. Drake joue un rôle crucial dans la défense du royaume. Non seulement il contribue à la stratégie anglaise qui permettra de repousser les Espagnols, mais il prend aussi part à l’attaque directe contre l’Armada. Utilisant des brûlots (navires en flammes dirigés vers la flotte ennemie), les Anglais parviennent à semer la confusion parmi les Espagnols, et la tempête fait le reste. La victoire anglaise renforce encore la légende de Drake en tant que héros national.

Malgré ses succès éclatants, le rôle de Francis Drake dans la traite des esclaves reste un aspect sombre de sa carrière. En tant que marchand d’esclaves, il participe activement à un commerce inhumain, capturant et vendant des Africains en Amérique. Ce chapitre moins glorieux de sa vie rappelle la complexité des figures historiques, souvent célébrées pour leurs exploits mais entachées par des actes moralement répréhensibles.

Francis Drake meurt en 1596 des suites de la dysenterie lors d’une expédition infructueuse contre les colonies espagnoles dans les Caraïbes. Il laisse derrière lui un héritage à double tranchant : celui d’un navigateur audacieux et redouté, qui a défié l’Espagne et contribué à l’expansion de l’influence anglaise sur les mers, mais aussi celui d’un corsaire sans scrupules et d’un acteur dans l’odieux commerce des esclaves.