Emile Gallé. Dans le monde du travail du cristal, ce nom suscite l’admiration. Artiste pluridisciplinaire, passionné et engagé, ce maître verrier français pionnier et spécialiste du mouvement art nouveau a marqué de sa patte la fin du 19ème siècle. Véritable figure des arts appliqués, il devient un des ambassadeurs du savoir-faire à la française. Son art est unanimement salué, que ce soit en France ou à l’étranger. Tout au long de sa vie, il puisera son inspiration dans les éléments de la nature et s’emploiera à promouvoir le thème végétal dans ses créations. Le site de Michaël Vessiere vous permettra d’en savoir plus sur l’oeuvre d’Émile Gallé.
Un artiste ancré dans son terroir
Emile Gallé naît le 4 mai 1848 en Lorraine à Nancy, une région et une ville qu’il portera dans son coeur et qu’il chérira tout au long de sa vie. Petit, il est bercé dans le monde artistique car son père Charles, est un peintre reconnu doublé d’un commerçant hors-pair. Après une scolarité normale, un voyage en Allemagne pour apprendre l’Allemand et étudier la minéralogie ainsi qu’un voyage à Londre pour apprendre l’Anglais, il revient en Moselle et intègre à 20 ans l’école de Meisenthal où il est formé aux métiers du verre. Il est ensuite formé à la céramique à la Faïencerie Saint-Clément. Artiste inspiré, il n’hésitera jamais à s’initier à d’autres arts tels que le soufflage ou l’ébénisterie, afin d’ouvrir ses horizons artistiques. Si il estime que ces arts peuvent se mettre au service les uns des autres, c’est surtout dans le dessin et dans la nature qu’il puisera la majorité de son inspiration. Initié à la botanique, il voue une passion pour les plantes et est reconnu comme un spécialiste dans le milieu scientifique. Il publie d’ailleurs plusieurs articles dans des revues, correspond régulièrement avec des scientifiques de renom et participe activement à des conférences. Il laisse de plus derrière lui plusieurs ouvrages avec majoritairement des thèmes qui lui sont chers : la nature, la faune et la flore. Véritable écologiste avant l’heure, il crée d’ailleurs à Nancy une association de protection des plantes sauvages. Jusqu’en 1894, il utilisera les fourneaux de Meisenthal pour son travail du cristal. ll ouvrira ensuite sa propre cristallerie au sein de ses industries à Nancy. Artiste profondément attaché à ses racines régionales, il crée en outre en 1901 l’Ecole de Nancy avec le tout aussi célèbre Louis Majorelle dont le but est de faire la promotion des métiers d’art décoratifs en les croisant avec le milieu de l’industrie. Emille Gallé décédera à l’âge de 58 ans en 1904, emporté par une maladie dont les premiers signes se sont déclarés plusieurs années auparavant.
Un artiste plébiscité hier et aujourd’hui
S’il est de nos jours reconnu comme un maître, sa renommée était déjà grandiose à son époque. De 1878 à 1903, il expose à travers le monde et collectionne les récompenses ainsi que les reconnaissances. Parmi celles-ci, on peut noter:
- les 4 médailles d’or obtenues à l’exposition universelle de 1878 de Paris
- le grand prix de l’exposition universelle de 1889
- la médaille d’or de Munich de 1897
- le grand prix et la médaille d’or de l’exposition universelle de 1900 de Paris
- la légion d’honneur qu’il reçoit en 1889 (il sera élevé au rang de grand commandeur l’année suivante)
- son admission à l’Académie de Nancy
- son admission à la Société Nationale des Beaux-Arts de Paris
S’il est connu et reconnu en France, il l’est également à l’étranger. On peut citer l’exposition de Dresde de 1901, celle de Chicago de 1893 et celle de Saint-Louis de 1904 où il présentera sa célèbre oeuvre « Grand Foudre ».
Un artiste engagé
Outre son amour de la nature dont il fera son slogan et qu’il n’aura cesse de défendre , Emile Gallé a toujours donné durant toute sa carrière l’image d’un homme prenant position sur les grands sujets de société, que ce soit artistiquement ou personnellement. Malheureusement cela lui a parfois valu une certaine impopularité dans sa ville natale, comme lorsqu’il se rangea au côté des défenseurs d’Alfred Dreyfus. Grand humaniste, il crée en 1898 une branche de la ligue des droits de l’homme nancéienne. Il soutient en outre les juifs de Roumanie, les Irlandais dans leurs lutte contre les Anglais et dénonce les villages-libertés français en Afrique. Patriote sans être nationnaliste, ses prises de position politiques se ressentent aussi dans ses oeuvres. Ainsi, bons nombres d’entres-elles célèbrent la Lorraine et dénoncent le rattachement de l’Alsace-Moselle à l’Allemagne. Il puise de plus son inspiration dans les héros symboliques français tels que Jeanne d’Arc ou Vercingétorix.