L’invention de l’agriculture en Asie du Sud-Ouest a rapproché les êtres humains des chats qui se nourrissaient des rongeurs, attirés par les réserves de céréales dans les premiers villages. Ainsi, les chats domestiques actuels descendent principalement de ces populations de chats du Croissant Fertile. En étudiant l’ADN ancien préservé dans des ossements de chats d’Europe, d’Asie du Sud-Ouest et d’Afrique au cours des 10 000 dernières années, l’équipe « Epigénome et paléogénome » de l’Institut Jacques Monod a pu reconstituer l’histoire des interactions entre êtres humains et chats depuis leur domestication. Les premiers chats transportés en Europe l’ont été lors des migrations néolithiques, il y a au moins 6 400 ans, et étaient originaires d’Anatolie comme les humains qui se sont déplacés. Mais les interactions étroites entre humains et chats qui se sont développées en Egypte pharaonique ont dû aboutir à une adaptation des chats qui les a rendus très populaires dans le monde antique, car ceux-ci se sont propagés massivement à cette époque dans tout le bassin méditerranéen, leur permettant d’atteindre les zones plus reculées, comme la Mer Baltique, dès le 7e siècle de notre ère, en suivant les routes maritimes commerciales et militaires. De la même manière, on voit apparaître des chats indiens dans les ports égyptiens de la Mer Rouge à l’époque romaine, montrant comment les routes maritimes ont été un vecteur de propagation de cet animal. En conclusion, les chats originaires du Croissant Fertile et d’Egypte sont les ancêtres des chats domestiques actuels, même si des événements d’hybridation avec des populations locales de chats sauvages ont pu aussi contribuer dans une moindre mesure au pool génétique de ces animaux domestiques.