Article | De -2500 à -2000 : le royaume des Hattis en Anatolie

La période dite des Hattis, en Anatolie, précède l’émergence de l’empire hittite et ne procède pas, contrairement à ce dernier, d’un mouvement migratoire indo-européen mais bien d’une culture autochtone. Ces Hattis occupent une vaste plaine en plein centre de l’Anatolie, dans la boucle du fleuve Kizil Irmak, entre les villes actuelles de Kirikkale à l’Ouest et de Sivas à l’Est.

Dire que les Hattis constituent un peuple historique est une facilité en ce sens qu’ils ne connaissaient pas l’écriture ; mais leur existence est bien certifiée à posteriori par les archives de marchands assyriens installés dans la région vers -1900, sachant de surcroît et surtout que leurs successeurs hittites adopteront aussi l’écriture sanscrite – en pratique l’akkadien.

On a d’ailleurs coutume d’apprécier l’héritage Hatti en le confrontant à ce que les Hittites ont su assimiler ou faire fructifier. Les Hattis, à défaut de l’écriture, présentaient déjà une civilisation urbaine : ils ont édifié des villes à Alacahöyuk (probablement leur première capitale) et à Hattusha, l’actuelle Bogarkoy.

Ils maîtrisaient bien la métallurgie et fabriquaient des objets en or, en argent, en bronze et même en électrum (alliage formé de trois quarts d’or et d’un quart d’argent), à une époque correspondant grosso modo au bronze moyen européen.

Ils avaient une royauté semble-t-il bien établie (une trentaine de tombes royales furent trouvées dans leurs différents sites), ainsi qu’un panthéon sophistiqué. On sait – ou on suppose très fortement – que leur langue n’était pas indo-européenne.

Différences fondamentales entre Hatti et Hittites

C’est en cela, donc, que Hattis et Hittites diffèrent fondamentalement. Les seconds déferlent sur l’Anatolie à partir des Balkans, en vertu donc d’un mouvement ouest / est globalement contraire aux grandes migrations observées jusqu’alors.

On sait que ce mouvement est lié à l’invasion par les kourganes des provinces danubiennes, migration elle-même initiée plus de 4000 ans avant notre ère et longtemps poursuivie par vagues successives.

Quoi qu’il en soit, ces populations rejoignent l’actuelle Turquie vers la fin du troisième millénaire, donc vers -2200, et infiltrent progressivement le pays Hatti. Ce dernier n’est pas soumis à une invasion brutale, mais plutôt à un processus d’intégration ou de substitution graduel qui se poursuit jusqu’au règne du premier roi hittite, le quasi-légendaire Labarna, en 1680 avant J.C.

Il s’écoule donc près d’un millénaire entre l’apogée Hatti et la cristallisation du premier royaume Hittite : largement assez pour une transition culturelle.

Héritage et assimilation Hittite

Les Hittites conservent de leurs prédécesseurs leur nom, bien sûr, mais aussi leur capitale – Hattusha – et une partie de leur langue, le « hattili », désormais vouée à des usages liturgiques. Ils intègrent aussi une bonne part des dieux locaux comme celui de l’orage (Taru), celui des cultures (Telebinu) ou bien encore la déesse du soleil Wurushemu.

Ils ajouteront à cet héritage l’emprunt de l’écriture, donc, mais aussi de nouvelles techniques de fabrication de céramiques (à l’aide de tours) et plus tard, entre le 18ème et le 17ème siècle avant JC, le char de guerre.