Commode, empereur romain de 180 à 192 après J.-C., est souvent décrit comme l’un des dirigeants les plus controversés de l’histoire de Rome. Né Lucius Aurelius Commodus en 161, il était le fils de l’empereur Marc Aurèle, réputé pour sa sagesse et son dévouement à la philosophie stoïcienne.
En contraste frappant avec son père, Commode a incarné un style de gouvernement marqué par l’excès, la corruption et l’autoritarisme, contribuant à la désintégration progressive de l’Empire romain.
L’ascension au pouvoir et le début du déclin
Lorsqu’il accède au trône à l’âge de 18 ans, après la mort de Marc Aurèle, Commode hérite d’un empire affaibli par des décennies de guerres contre les peuples germaniques et par des tensions internes.
Cependant, loin de poursuivre les réformes et les campagnes militaires de son père, il choisit d’abandonner les efforts pour consolider les frontières et privilégie un mode de vie extravagant et déconnecté des réalités politiques. Cela marque un tournant : Commode met fin à l’époque des « Cinq bons empereurs », une période de prospérité relative, pour initier une ère d’instabilité.
Un règne centré sur l’extravagance et la mégalomanie
Le règne de Commode est caractérisé par une centralisation accrue du pouvoir autour de sa personne. Obsédé par sa propre grandeur, il se fait proclamer un nouvel Hercule, allant jusqu’à se faire représenter dans des statues avec une massue et une peau de lion.
Il participe même aux jeux gladiateurs, un acte perçu comme indigne pour un empereur. Ces spectacles, coûteux et choquants pour l’élite romaine, visaient à renforcer sa popularité parmi le peuple mais furent aussi symptomatiques de son mépris pour les traditions de la dignité impériale.
Une administration rongée par la corruption
Par ailleurs, Commode s’entoure de favoris douteux et tolère une corruption endémique. Des individus comme son chambellan Cleandre profitent de leur proximité avec lui pour vendre des charges publiques, aggravant la méfiance et le ressentiment de l’aristocratie envers le pouvoir impérial.
Sa paranoïa le pousse à exécuter nombre de sénateurs et de membres influents de l’élite, affaiblissant encore davantage la stabilité politique.
La négligence des affaires d’État
Loin de gouverner, Commode consacre son énergie à ses plaisirs personnels, négligeant les affaires d’État. Les provinces tombent dans le désordre, et l’administration impériale se délite.
Les querelles internes, combinées aux pressions croissantes des peuples extérieurs, notamment les Germains et les Parthes, commencent à éroder les fondations de l’empire. Rome elle-même est gangrenée par une insécurité croissante et une pauvreté endémique.
L’assassinat et la fin d’un règne chaotique
Finalement, le règne de Commode prend fin dans le sang. En 192, après avoir planifié un projet mégalomane pour rebaptiser Rome en « Colonia Commodiana », il est assassiné lors d’un complot impliquant son entourage proche, y compris sa concubine Marcia et son entraîneur Narcisse.
Sa mort plonge l’Empire dans une brève guerre civile, ouvrant la voie à l’instabilité chronique qui marquera le IIIᵉ siècle.
Héritage d’un règne destructeur
Bien que Commode n’ait pas à lui seul causé la chute de Rome, son règne représente un moment critique dans le déclin de l’empire. Il incarne la transition d’un gouvernement basé sur la vertu et la compétence à un pouvoir centré sur la personnalité et l’autocratie, aggravant les fractures internes et les vulnérabilités de Rome face aux menaces extérieures.
Ses excès, son incompétence et son mépris des institutions ont non seulement terni l’héritage de Marc Aurèle, mais aussi contribué à ébranler les piliers d’un empire jadis puissant.