Savez-vous pour quelle raison la ville de Cargèse peut s’enorgueillir de deux églises construites au XIXe siècle et qui se font face paisiblement ? L’origine de cette particularité remonte au XVIIe siècle, avec l’arrivée en Corse d’une communauté grecque. Ces familles provenaient de la région de Vitylo, dans le Péloponnèse, où elles avaient subi les persécutions ottomanes. Vers 1676, environ 700 Grecs furent accueillis par l’autorité génoise, qui administrait alors l’île. Installés dans cette région montagneuse, les réfugiés grecs bâtirent peu à peu un village qu’ils nommèrent Cargèse.

Leur intégration ne fut pas toujours simple. Les Grecs, attachés à leur rite orthodoxe, cohabitaient avec les habitants corses de tradition catholique. Malgré des tensions initiales dues à des différences culturelles et religieuses, une coexistence s’installa avec le temps. Cette dualité culturelle devint un pilier de l’identité de Cargèse.

Au XIXe siècle, lorsque l’assimilation était déjà bien avancée, la nécessité de lieux de culte distincts pour les deux communautés fut affirmée. C’est dans ce contexte qu’émergèrent les deux églises qui dominent aujourd’hui la ville : l’église latine Saint-Jean-Baptiste, dédiée au culte catholique romain, et l’église grecque de l’Assomption, où perdure le rite orthodoxe. Elles furent construites face à face, à une courte distance l’une de l’autre, symbolisant autant la diversité que l’unité des habitants.

Les deux édifices reflètent des styles architecturaux propres à leur tradition respective, mais partagent également des éléments communs qui rappellent leur enracinement dans le même territoire. L’église grecque, par exemple, conserve un riche iconostase et des fresques aux influences byzantines, tandis que l’église latine s’inscrit dans une esthétique plus sobre, typique de l’architecture religieuse corse.