Article | Al Capone, roi des gangsters

Al Capone est un nom qui résonne avec une certaine fascination dans l’imaginaire collectif. Souvent présenté comme l’incarnation du gangster américain, Capone a marqué l’histoire criminelle des États-Unis par son ascension fulgurante au sein de la pègre de Chicago.

Mais qui était réellement cet homme, devenu l’un des symboles les plus célèbres de la criminalité organisée?

Les débuts : de Brooklyn à Chicago

Alphonse Gabriel Capone, plus connu sous le nom d’Al Capone, est né le 17 janvier 1899 à Brooklyn, New York, dans une famille d’immigrants italiens. Dès son plus jeune âge, il est attiré par le monde de la rue et intègre rapidement des gangs de quartier. Cependant, c’est après sa rencontre avec Johnny Torrio, un chef de la mafia italo-américaine, que sa carrière criminelle prend un véritable tournant.

En 1920, Al Capone suit Torrio à Chicago, où il commence à se faire un nom dans le milieu criminel. Torrio lui confie de plus en plus de responsabilités, notamment dans la gestion de l’empire de la contrebande d’alcool qu’il avait établi suite à l’entrée en vigueur de la Prohibition. Cette loi, qui interdisait la fabrication, la vente et la distribution de boissons alcoolisées, a créé une opportunité sans précédent pour la mafia, qui a su tirer profit de cette interdiction pour s’enrichir.

La montée en puissance : le règne sur Chicago

La véritable ascension de Capone commence après une tentative d’assassinat de Johnny Torrio en 1925. Torrio, grièvement blessé, décide de se retirer et de passer le flambeau à son protégé. Al Capone devient alors le chef incontesté de l’organisation criminelle la plus puissante de Chicago.

Sous son règne, l’organisation s’étend et diversifie ses activités, incluant la contrebande d’alcool, les jeux d’argent, la prostitution et l’extorsion. Capone parvient à se créer un véritable empire criminel, rapportant des millions de dollars par an. Son pouvoir ne se limite pas aux bas-fonds de Chicago ; il a des contacts parmi les politiciens, la police, et même certains membres de la justice, ce qui lui permet d’opérer en toute impunité pendant des années.

Malgré les violences qu’il orchestre, notamment les nombreuses guerres de gangs qui ravagent Chicago durant les années 1920, Capone parvient à se forger une image de bienfaiteur public. Il finance des soupes populaires, offre de l’aide aux démunis, et se présente comme un homme d’affaires prospère. Cette dualité entre son rôle de criminel impitoyable et son image publique contribue à sa légende.

Le massacre de la Saint-Valentin : l’apogée et le début de la chute

Le 14 février 1929, l’un des événements les plus célèbres de l’histoire criminelle des États-Unis marque l’apogée du pouvoir de Capone : le massacre de la Saint-Valentin. Ce jour-là, sept membres de l’organisation rivale de Bugs Moran sont froidement abattus dans un garage de Chicago. Bien que Capone ne soit jamais inculpé pour ce crime, il est largement soupçonné d’en être le commanditaire.

Ce massacre marque également le début de la fin pour Capone. Le gouvernement fédéral, de plus en plus sous pression pour mettre un terme à son règne de terreur, commence à intensifier ses efforts pour l’arrêter. Les autorités, dirigées par l’agent Eliot Ness, forment un groupe connu sous le nom de « Les Incorruptibles », qui se concentre sur la collecte de preuves contre Capone. Cependant, c’est finalement pour des accusations d’évasion fiscale, et non pour ses nombreux crimes, que Capone sera condamné.

La chute : procès et incarcération

En 1931, Al Capone est reconnu coupable de fraude fiscale et condamné à 11 ans de prison. Cette condamnation marque la chute d’un homme autrefois intouchable. Il est d’abord incarcéré à la prison d’Atlanta, avant d’être transféré à la célèbre prison d’Alcatraz, où il passe la majeure partie de sa peine.

Durant son incarcération, Capone, autrefois craint et respecté, voit sa santé mentale et physique se détériorer. Souffrant de la syphilis, il devient de plus en plus faible et finit par être libéré pour raisons de santé en 1939, après avoir purgé sept ans de sa peine. Il se retire alors en Floride, où il mène une vie discrète jusqu’à sa mort en 1947.

L’héritage : un symbole durable de la criminalité

L’histoire d’Al Capone continue de fasciner, bien au-delà de sa mort. Il reste l’une des figures les plus emblématiques de l’ère de la Prohibition et de la criminalité organisée aux États-Unis. Son nom est devenu synonyme de gangstérisme, incarnant à la fois la brutalité et le charisme qui caractérisaient les chefs de la mafia de l’époque.

Capone a laissé un héritage durable dans la culture populaire, inspirant d’innombrables films, livres et séries télévisées. Il est devenu un archétype du gangster, un symbole de l’âge d’or du crime organisé en Amérique.

Bien que son règne ait été marqué par la violence et la corruption, Al Capone reste une figure complexe, à la fois admirée et détestée. Son histoire, reflet d’une époque troublée de l’histoire américaine, continue de captiver et de susciter des débats sur la nature du pouvoir, de la morale et de la justice.