Le réel, disait le psychanalyste Jacques Lacan, c’est quand on se cogne. La chose, dirons-nous, c’est quand on la perd, qu’on la cherche, que son nom échappe. Ou à l’inverse, quand on la trouve, qu’on la tient, qu’on la soupèse : la voici sale, usée, n’importe on y tient. D’où vient l’attachement aux choses ? Muettes, inertes, sans vie ni souffle, elles semblent d’un autre monde et c’est pourtant le nôtre : bricoles, breloques, gadgets, accessoires. Cette fascinatio nugacitatis, cet enchantement de l’insignifiant, la Sagesse a beau jeu de la condamner. L’attachement qui persiste témoigne d’une toute-puissance des choses qu’il s’agit d’évoquer et de comprendre.