À l’heure où Donald Trump menace de mettre en œuvre ses visées expansionnistes, Pierre Haski nous propose une plongée passionnante dans l’épopée militaire de l’Amérique, nation née dans la guerre avant de s’imposer tardivement en « gendarme du monde » – un rôle désormais contesté.

Les États-Unis, qui aiment se dire pacifiques, ont pourtant presque toujours été en guerre en deux cent cinquante ans d’existence, et continuent de déployer des centaines de milliers de soldats sur tous les continents. D’abord ravagés par des conflits intérieurs – la révolution, la guerre de Sécession, les guerres indiennes –, les États-Unis dépassent leurs frontières en combattant l’Espagne aux Philippines à la fin du XIXe siècle. L’Amérique des pères fondateurs, attachés à la conscription, s’est pourtant longtemps méfiée de l’armée de métier, craignant qu’elle ne se retourne contre le peuple. L’envoi de troupes en Europe en 1917 amorce son nouveau rôle de puissance internationale. En 1941, au lendemain de Pearl Harbour, l’engagement des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale impose durablement l’hégémonie du pays grâce à une industrie de l’armement tournant à plein régime, qui dope son économie, et une propagande relayée par le cinéma hollywoodien, qui nourrit le mythe. Car, sûr d’avoir sauvé le monde de la peste brune – sentiment conforté en 1945 par le choix de New York pour le siège des Nations unies –, le « gendarme du monde » ne remet pas même en cause l’horreur d’Hiroshima. Si sa doctrine de dissuasion nucléaire est bientôt mise à mal par des États, comme l’URSS ou la Chine, qui se dotent à leur tour de l’arme atomique, son leadership s’affirme aussi à travers l’Otan et des centaines de bases militaires, notamment dans les territoires des ex-ennemis vaincus (du Japon à l’Allemagne) ou aux Philippines, face aux ambitions de Pékin. Mais le traumatisme du Viêtnam, avec ses millions de morts, abîme son image de justicier du « monde libre », instillant le doute sur sa légitimité. Son impérialisme ne cessera plus dès lors d’être dénoncé, la contestation de sa mission militaire se renforçant encore après le 11-Septembre avec les « guerres sans fin » en Afghanistan et en Irak. Aujourd’hui comme hier, l’Amérique reste traversée par deux courants antagonistes : l’un jugeant son omniprésence militaire nécessaire, l’autre plaidant pour son repli. Alors que resurgissent des conflits « classiques », du Proche-Orient à l’Ukraine, sans qu’elle intervienne, quel rôle son armée va-t-elle jouer dans la vision de Donald Trump ?

Leçons du passé

Comment la guerre et les engagements militaires de l’Amérique ont-ils façonné sa psyché au fil des générations et imposé sa suprématie depuis 1945 ? À l’heure où celui qui a été (ré)élu comme un « président de la paix » fragilise les alliances et menace les équilibres géopolitiques, ce documentaire, nourri d’analyses d’une trentaine d’experts internationaux – militaires, politiques, historiens –, plonge au cœur de l’histoire des États-Unis pour s’interroger sur les défis qui attendent cette nation fracturée dans un monde devenu multipolaire. À travers les leçons du passé, Pierre Haski éclaire les paradoxes de cette superpuissance militaire et leurs conséquences sur la démocratie et la société civile, en mettant en perspective des choix stratégiques déterminants pour l’avenir du pays et de la planète.

Documentaire de Pierre Haski (France/États-Unis, 2025, 1h30mn)
Disponible jusqu’au 09/06/2025