Le physicien le plus honoré du régime soviétique en fut aussi le dissident le plus inflexible. À travers sa vie, Iossif Pasternak propose une réflexion universelle sur l’histoire de la Russie, l’humanisme et les valeurs démocratiques.
Face au Parlement soviétique, le frêle vieil homme bute quelquefois sur les mots, mais ses paroles résonnent avec une force extraordinaire. Qu’il dénonce la corruption des élites ou l’intervention de l’Armée rouge en Afghanistan, la souffrance des jeunes recrues ou la nécessité d’abolir le Parti unique, ses phrases simples tranchent sur le ronron des langues de bois. L’archive date de 1989, et Mikhaïl Gorbatchev, secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique, s’impatiente à la tribune, au-dessus du gênant académicien qu’il vient de faire libérer. Andreï Sakharov n’est revenu que depuis quelques mois de Gorki, où il était assigné à résidence avec son épouse dans un isolement total. Il va mourir peu de temps après cette séance houleuse, et une foule immense viendra s’incliner devant sa dépouille. En deux décennies, le physicien, adulé pour avoir mis au point la bombe H en 1953 avant de choisir la dissidence, est devenu l’un des hérauts les plus populaires de la démocratie en Russie.
Réalisateur : Iossif Pasternak
Producteurs : 13 PRODUCTION, ARTE FRANCE