Dans ce portrait vif et percutant, l’auteur du « Dahlia noir » et d' »American Tabloïd » nous entraîne dans les rues de Los Angeles pour parler de ses obsessions et de ce qui le pousse à écrire.

Acteur principal de ce documentaire, James Ellroy entraîne le spectateur dans les rues de Los Angeles à la découverte d’une série de lieux insolites pour parler ouvertement de ses obsessions – le meurtre jamais élucidé de la jeune femme qu’on surnomma « le Dahlia noir » puis celui de sa propre mère, survenus respectivement dans les années 1940 et 1950, l’institution policière ou encore L.A., sa ville natale – et expliquer comment tout cela a contribué à faire de lui l’écrivain qu’il est devenu.

James Ellroy : « American dog » ressemble à une visite guidée sous amphétamines de l’œuvre du célèbre écrivain américain. Comme pour coller au style et à l’univers de celui qui s’est surnommé le « dog », les réalisateurs plongent le spectateur dans un déluge d’images et de musiques, cherchant à donner un équivalent visuel et sonore de l’atmosphère qui règne dans ses romans. Ellroy fait ici sa propre exégèse et laisse libre cours à ses excentricités verbales – sa silhouette dégingandée, son regard glaçant et son humour un peu particulier se substituant aux interventions de spécialistes qui abondent en général dans ce type de portraits. La part belle est faite aux textes, dont de larges extraits sont lus en voix off par l’auteur. Le « personnage » Ellroy, avec tout ce qu’il peut avoir de cabotin, est au centre d’un film qui montre combien l’écrivain et son œuvre ne font qu’un. Images d’archives, photographies et interviews très mises en scène se succèdent dans un montage effréné qui suit le rythme de la diction de l’auteur, composant un ensemble stylisé dont l’esthétique, inspirée de l’âge d’or hollywoodien des années 1940 et 1950, rend hommage non seulement aux romans d’Ellroy et aux films noirs, mais aussi à une époque et à une ville, Los Angeles. Une ville qui a d’abord formé l’homme avant d’inspirer l’écrivain, qui fut à la fois son berceau, son tombeau puis le lieu de sa renaissance comme romancier. Filmée sous toutes les coutures et à toutes les époques, elle est aussi au cœur de ce portrait original et percutant.

Un documentaire de Clara Kuperberg et Robert Kuperberg (France, 2006, 52mn)
Documentaire disponible en rediffusion jusqu’au 26/05/2025