Parmi les 50 000 membres de gangs à New-York, on compte environ 9 000 filles. Ce phénomène récent inquiète les sociologues ou les agents spécialisés du FBI qui ont toujours peur de se trouver face à une enfant de onze ans, armée d’un Uzi. 94% d’entre elles ont leur premier enfant entre 14 et 17 ans. La nuit, le gang offre protection et compagnie quand elles arpentent les rues glauques de Brooklyn et du South Bronx. Elles affichent leurs couleurs, à la recherche d’une victime facile, d’un drogué en manque de came, et défendent leurs territoires avec acharnement, armées de lames de rasoir cachées sous la langue et d’automatiques, dans un monde où le crime est devenu habituel. Ils habitent tous le même quartier et forment un cercle. C’est dans les tours de « Settlement Houses » qu’habitent nos personnages. Certaines se cachent, d’autres sont en prison ou continuent à hanter les rues, prêtes à tout pour survivre. En regardant par la fenêtre, on se croit dans un paysage d’après-guerre : maisons détruites par le feu, caniveaux transformés en déchetteries, rats, crack-pipes, magasins vides. Voyage à l’intérieur d’une Amérique qui s’enfonce.

Un reportage de Sarah Julie Lebas