Entre -3000 et -2500, l’Europe entre dans une nouvelle ère de son histoire préhistorique : l’âge du cuivre, également appelé chalcolithique. Cette période marque une transition importante entre le néolithique, caractérisé par l’usage de la pierre polie, et l’âge du bronze, qui s’installera définitivement autour de -1800. L’âge du cuivre en Europe dure environ sept siècles, période durant laquelle l’usage du métal se diffuse progressivement.
Cependant, le terme « chalcolithique » peut prêter à confusion, car cette période n’est pas uniforme, et le travail des métaux n’est pas généralisé.
Une période de transition inégale
Le chalcolithique ne représente pas une phase uniforme dans l’histoire européenne. En effet, si certaines communautés adoptent le travail des métaux, d’autres continuent d’utiliser les outils de techniques lithiques, c’est-à-dire des outils en pierre, et passeront directement à l’âge du bronze sans utiliser le cuivre.
Par exemple, dans le sud-est de la France, la transition vers le bronze se fait sans l’intermédiaire du cuivre. En revanche, au nord du pays, une communauté chalcolithique dynamique, connue sous le nom de culture SOM (pour Seine, Oise et Marne), est identifiée.
Cette diversité montre que le chalcolithique ne s’implante pas de manière homogène en Europe, certaines populations privilégiant l’or, notamment le long des côtes atlantiques, au cuivre, qui est de qualité relativement faible et contient des traces d’arsenic.
L’essor du chalcolithique et les migrations indo-européennes
L’essor du chalcolithique en Europe est largement associé aux migrations de populations indo-européennes, souvent appelées les peuples pontiques ou kourganes.
Ces populations, qui viennent des steppes situées autour du Don, de la Volga et des rivages de la mer Caspienne, introduisent progressivement le travail des métaux en Europe. Le terme « kourgane » fait également référence aux tumulus funéraires érigés par ces mêmes peuples.
Le chalcolithique semble avoir suivi une expansion de l’est vers l’ouest, avec des témoignages de cette époque retrouvés en Égypte aux alentours de -4000, puis dans les Balkans et en Roumanie. À partir de -2500, on observe des traces de cette période jusqu’en Bretagne et dans l’ouest de l’Europe.
Les routes de migration des Kourganes
Les migrations des peuples kourganes semblent avoir suivi deux itinéraires possibles. Selon certains historiens, ils auraient traversé l’Europe par le nord, en passant par les régions continentales, tandis que d’autres théories suggèrent qu’ils auraient contourné la mer Noire par le sud, via l’Anatolie et la mer Égée, dès le septième millénaire avant notre ère.
Quel que soit l’itinéraire emprunté, ces populations amènent avec elles non seulement le travail des métaux, mais aussi des pratiques culturelles et des innovations importantes qui influenceront profondément les cultures locales.
Les contributions culturelles des Kourganes : entre proto-celtes et mégalithes
Outre l’introduction du travail des métaux, les Kourganes ont aussi laissé une empreinte culturelle durable en Europe. On les assimile parfois à des proto-celtes en raison de certains de leurs traits culturels.
Par exemple, ils utilisaient des céramiques à motifs cordés, une technique qui sera également adoptée par d’autres cultures européennes. Surtout, ils sont à l’origine de l’érection de mégalithes, une pratique qui perdurera longtemps après leur passage.
Les Kourganes des cultures Nalchik et Maïkop, par exemple, construisaient déjà des dolmens et des cromlechs (cercles de pierres) dans la région du Caucase autour de -3200.
Ainsi, l’âge du cuivre en Europe ne se limite pas à une simple transition technologique ; il incarne également des changements culturels majeurs, marqués par des migrations, des innovations et des échanges entre différents peuples.