Avant une opération chirurgicale, il est souvent demandé aux patients d’être à jeun, c’est-à-dire de ne ni manger ni boire pendant un certain laps de temps avant l’intervention. Cette exigence n’est pas sans raison : elle vise à assurer la sécurité du patient et à minimiser les risques associés à l’anesthésie et à la chirurgie elle-même.
Alors, pourquoi être à jeun pour une opération ? Voici un aperçu des raisons pour lesquelles c’est crucial avant une opération.
La prévention du risque d’aspiration pulmonaire
L’une des principales raisons pour lesquelles les patients doivent être à jeun avant une opération est de réduire le risque d’aspiration pulmonaire.
Lors d’une anesthésie générale, les muscles de l’organisme, y compris ceux qui contrôlent les voies respiratoires et l’œsophage, se détendent. Cette relaxation musculaire, indispensable pour que le patient ne ressente aucune douleur pendant l’opération, signifie aussi que le contenu de l’estomac pourrait remonter vers la gorge et être inhalé dans les poumons. C’est ce qu’on appelle une aspiration pulmonaire.
Lorsque des particules alimentaires, des liquides ou même des sécrétions gastriques pénètrent dans les poumons, elles peuvent provoquer des complications graves, comme une pneumonie par aspiration. Cela peut engendrer des difficultés respiratoires sévères et prolonger le séjour à l’hôpital. En étant à jeun, on réduit ainsi la quantité de contenu dans l’estomac et, par conséquent, le risque de régurgitation.
Réduction de la production d’acide gastrique
Lorsque nous mangeons ou buvons, l’estomac produit davantage d’acide pour faciliter la digestion. Cet acide gastrique est irritant pour les poumons, et s’il est inhalé accidentellement pendant l’opération, il peut causer des dommages significatifs aux tissus pulmonaires.
Un estomac vide permet donc de diminuer la quantité d’acide présent, réduisant ainsi les risques de lésions en cas d’aspiration.
Amélioration de l’efficacité de l’anesthésie
Les substances présentes dans l’estomac peuvent aussi influencer l’absorption et le métabolisme des médicaments anesthésiques.
Certains aliments, en particulier les graisses, peuvent ralentir la digestion, et il est possible qu’ils ne soient pas entièrement digérés même plusieurs heures après avoir mangé. Cela peut interférer avec l’anesthésie, retardant l’induction de celle-ci ou rendant son effet plus imprévisible.
En étant à jeun, l’anesthésiste peut administrer les doses de manière plus précise et en toute sécurité, sachant que le patient n’a pas de restes alimentaires susceptibles d’affecter l’absorption des médicaments.
Prévention de la nausée et des vomissements post-opératoires
Après une opération sous anesthésie générale, il n’est pas rare que les patients ressentent des nausées et vomissent.
Bien qu’il s’agisse souvent d’un effet secondaire mineur, il peut devenir problématique si l’estomac contient encore des aliments. Ces vomissements pourraient provoquer une déchirure des points de suture internes ou de nouvelles blessures, notamment en chirurgie abdominale.
Être à jeun contribue donc à minimiser ces effets secondaires et à accélérer la récupération post-opératoire. Moins de nausées signifie aussi une réduction des douleurs et du stress postopératoire, ce qui aide le patient à se rétablir plus sereinement.
Les règles de jeûne avant une opération : aliments et boissons
Les directives spécifiques pour le jeûne préopératoire peuvent varier selon les types d’opérations et l’âge du patient, mais il existe généralement des recommandations standard.
- Liquides clairs : les patients peuvent parfois boire de l’eau ou des liquides clairs (comme le thé ou le jus de pomme sans pulpe) jusqu’à 2 heures avant l’intervention. Ces liquides clairs se vident rapidement de l’estomac et ne représentent donc pas un risque majeur d’aspiration.
- Repas légers : si l’on consomme un repas léger (composé d’aliments faciles à digérer comme des toasts ou des fruits), il est généralement recommandé d’arrêter de manger au moins 6 heures avant l’intervention.
- Repas lourds : si le patient a mangé un repas plus copieux ou gras, le délai de jeûne peut être prolongé à 8 heures, voire plus, car ces aliments mettent plus de temps à être digérés.
Il est essentiel que les patients suivent strictement les recommandations de leur chirurgien ou de leur anesthésiste. Ces délais sont adaptés aux spécificités de chaque intervention et tiennent compte des risques associés.
Exceptions et adaptations pour certains patients
Certaines populations, comme les nourrissons, les personnes âgées et les patients atteints de certaines pathologies (ex. : diabète), peuvent nécessiter des adaptations des règles de jeûne. Par exemple :
- Nourrissons : pour les bébés nourris au lait maternel, le jeûne est généralement limité à 4 heures avant l’intervention, car le lait maternel est digéré plus rapidement que le lait en poudre.
- Patients diabétiques : pour les personnes atteintes de diabète, le jeûne prolongé peut poser problème en raison des risques d’hypoglycémie. Dans ce cas, les équipes médicales adaptent la prise en charge pour s’assurer que la glycémie reste stable, souvent en administrant une perfusion de glucose pendant l’attente préopératoire.
Conclusion : pourquoi être à jeun pour une opération ?
En somme, le jeûne avant une opération est bien plus qu’une simple précaution. Il répond à des exigences médicales strictes visant à protéger le patient des risques d’aspiration pulmonaire, de complications anesthésiques et de nausées post-opératoires. Ces règles, bien qu’elles puissent être contraignantes, sont essentielles pour assurer une intervention aussi sûre et efficace que possible.
Suivre attentivement les consignes de jeûne fournies par les professionnels de santé permet de contribuer à la réussite de l’opération et à une meilleure récupération postopératoire.