Article | 6 avril 1199 : mort de Richard Cœur de Lion

Le 6 avril 1199 marque la fin du règne tumultueux de Richard cœur de Lion, roi d’Angleterre et souverain de l’empire Plantagenêt. Les dernières années de sa vie sont particulièrement riches en événements et en péripéties. Après avoir passé des années à lutter et à défendre son territoire, Richard connaît un destin tragique, qui s’achève sur le champ de bataille.

Revenons sur les moments marquants qui ont précédé la fin de son règne.

Un retour de croisade semé d’embûches

Richard cœur de Lion quitte la croisade et s’embarque depuis Chypre en octobre 1192, après seulement trois années passées à la tête de l’empire Plantagenêt. Son accession au trône d’Angleterre en 1189, suite au décès tardif de son père, Henri II, et de son frère aîné Henri le Jeune, est encore récente.

Le retour du roi d’Angleterre est loin d’être paisible. En effet, à son arrivée à Venise, il est capturé par Léopold, duc d’Autriche, un ancien compagnon de croisade devenu son ennemi acharné. Cet épisode découle d’un incident durant la croisade où Richard avait offensé le duc dans des circonstances restées floues.

Léopold ne se contente pas de capturer Richard ; il l’enferme dans une prison souterraine avant de le remettre à l’empereur germanique Henri VI. Cette captivité dure plus d’un an, et ce n’est que grâce à l’intervention de sa mère, Aliénor d’Aquitaine, que Richard est libéré le 2 février 1194. Aliénor paye une rançon colossale, équivalente aujourd’hui à près de vingt à trente tonnes d’or, pour obtenir la liberté de son fils.

La reconquête des territoires et la paix avec la France

Libéré, Richard consacre les dernières années de son règne à rétablir l’ordre en Angleterre et dans ses possessions continentales, qui ont été fragilisées pendant son absence.

Philippe Auguste, roi de France et ancien ami de Richard, a profité de cette situation pour s’approprier certaines terres du Plantagenêt, notamment en Normandie. Le 12 mai 1194, Richard débarque à Barfleur et entreprend de reconquérir ses territoires. Grâce au soutien de la population normande, il reprend facilement le contrôle de la région. Philippe Auguste tente de s’opposer à cette reconquête, mais il est vaincu en 1198 à la bataille de Courcelles.

Cette défaite contraint Philippe à signer la paix de Vernon en 1199, marquant la fin des hostilités entre les deux souverains. Richard, pour défendre la Normandie, décide d’ériger une forteresse stratégique : Château-Gaillard. Cette forteresse imposante se situe aux confins de la Normandie et du domaine capétien, assurant une frontière défensive entre les deux territoires rivaux.

La dernière campagne de Richard dans le Limousin

Richard se tourne ensuite vers le sud de ses possessions, où des révoltes se sont déclenchées en son absence. Il décide de rétablir son autorité dans le Limousin, une région chère à son cœur, car il y a passé son enfance.

L’objectif principal de cette campagne est de soumettre le vicomte de Limoges, Adhémar, qui résiste au pouvoir royal depuis son château de Châlus. Malgré la faible garnison de ce château, composée d’une trentaine de soldats et de leurs familles, Richard et son fidèle lieutenant Mercadier sont résolus à punir ceux qu’ils considèrent comme des félons.

Le 25 mars, à la tête d’une troupe d’une centaine d’hommes, Richard assiège Châlus. Cependant, durant le siège, il est blessé par un carreau d’arbalète tiré par un soldat nommé Pierre Basile, ignorant qu’il vient de toucher mortellement le roi d’Angleterre. La blessure se révèle fatale pour Richard, qui succombe peu après.

L’héritage de Richard cœur de lion

Après sa mort, le cœur de Richard est symboliquement enterré dans la cathédrale de Rouen, tandis que son corps repose à l’abbaye de Fontevraud. Ce geste symbolise l’amour du roi pour la Normandie, terre qu’il a vigoureusement défendue tout au long de son règne.

Richard cœur de Lion laisse derrière lui un héritage de bravoure et de chevalerie, mais également un empire fragilisé par des querelles incessantes et des luttes territoriales. Sa mort marque la fin d’une ère pour l’Angleterre, et son nom restera à jamais associé aux valeurs chevaleresques et à l’esprit de la croisade.