Ferrer un cheval est une pratique ancestrale qui consiste à poser des fers sous les sabots de l’animal. Cette technique, bien qu’elle puisse sembler banale, revêt une importance particulière pour la santé, le bien-être, et les performances des chevaux.
Mais pourquoi ferrer un cheval ? Les raisons sont multiples et peuvent varier en fonction de l’activité du cheval, de l’environnement dans lequel il évolue, et de sa morphologie.
Protection des sabots
Le sabot d’un cheval est une structure cornée, similaire en composition aux ongles humains, qui pousse en continu. Bien que robuste, il reste vulnérable à l’usure, surtout lorsque le cheval est amené à marcher sur des surfaces dures comme l’asphalte, les cailloux, ou les sols rocailleux.
Les fers servent donc en premier lieu à protéger les sabots de l’usure excessive. Un cheval non ferré, qui travaille régulièrement sur des sols abrasifs, risque de voir ses sabots s’user plus rapidement qu’ils ne peuvent repousser. Cette usure peut causer des douleurs, des boiteries, voire des infections si le sabot est abîmé jusqu’au niveau des tissus internes.
Amélioration des performances
Pour les chevaux de compétition, qu’il s’agisse de courses, de saut d’obstacles ou d’endurance, la ferrure joue un rôle crucial dans l’optimisation des performances.
Les fers permettent de mieux absorber les chocs, d’améliorer la traction, et d’offrir une stabilité accrue sur des terrains variés. Par exemple, les chevaux de course bénéficient de fers légers, souvent en aluminium, qui permettent de maintenir une certaine vitesse sans alourdir leurs membres.
Dans d’autres disciplines comme le saut d’obstacles, certains types de fers peuvent améliorer l’adhérence sur des sols glissants, réduisant ainsi le risque de glissades ou de chutes.
Prévention des blessures
Les fers servent également de protection contre les blessures. Lorsqu’un cheval évolue sur un terrain accidenté ou en conditions hivernales (glace, neige), il peut facilement se blesser les pieds ou se tordre les membres. Certains fers sont équipés de crampons ou de rivets qui améliorent la traction dans ces conditions.
Les chevaux de travail, comme ceux utilisés dans l’agriculture ou la police montée, peuvent aussi être plus à risque de blessures au niveau des pieds, surtout s’ils travaillent sur des surfaces bétonnées ou des sols irréguliers. La ferrure est alors une mesure de prévention qui réduit la probabilité de traumatismes liés à l’effort.
Correction de la posture et des anomalies
La ferrure orthopédique est une spécialité dans le domaine du parage et du ferrage qui vise à corriger des anomalies ou des pathologies liées à la morphologie du cheval.
Certains chevaux peuvent avoir des défauts d’aplomb, des problèmes d’alignement, ou des déformations au niveau des membres et des sabots. Un ferrage adapté permet de compenser ces défauts, en soulageant les articulations et les tendons et en aidant le cheval à retrouver une posture équilibrée.
Par exemple, un cheval souffrant de « naviculaire » (maladie dégénérative du pied) peut être ferré avec des fers spécifiques qui allègent la pression sur certaines zones du pied, atténuant ainsi la douleur et permettant au cheval de se déplacer plus confortablement.
Meilleure adaptation aux environnements spécifiques
Dans certaines régions, les sols sont particulièrement abrasifs ou inégaux, comme les zones rocheuses ou montagneuses.
Les chevaux évoluant dans ces milieux peuvent avoir besoin de fers plus résistants pour s’adapter aux spécificités du terrain. À l’inverse, un cheval qui vit dans une prairie douce ou dans un environnement sableux pourrait nécessiter moins de protection ou même rester pieds nus, si ses sabots sont suffisamment résistants.
La ferrure permet également d’adapter les pieds des chevaux à des conditions de travail extrêmes, comme les chevaux de police montés ou les chevaux militaires, qui doivent souvent marcher sur de l’asphalte, du gravier ou d’autres surfaces potentiellement agressives pour les sabots.
Alternatives à la ferrure : le mouvement pieds nus
De plus en plus de propriétaires et de professionnels choisissent de laisser les chevaux pieds nus lorsque les conditions le permettent.
Ce choix, basé sur l’idée que les sabots naturels, s’ils sont bien entretenus, peuvent être assez robustes, s’inspire des études sur les chevaux sauvages. En liberté, les chevaux développent naturellement des sabots adaptés à leur environnement, grâce à une usure régulière et équilibrée.
Cependant, garder un cheval pieds nus nécessite souvent un parage spécifique pour stimuler une croissance et une usure appropriées. Cela demande aussi un environnement compatible : un sol trop abrasif ou trop humide, par exemple, peut rendre les pieds nus inconfortables voire dangereux pour le cheval.
Les controverses autour de la ferrure
La question de la ferrure fait l’objet de débats au sein des communautés équestres.
Certains partisans de la méthode pieds nus avancent que le fer empêche le sabot de se développer de manière naturelle, limitant la circulation sanguine et la flexibilité de la corne. Les partisans de la ferrure, quant à eux, rappellent que certains chevaux, en fonction de leur utilisation, de leur morphologie et de leur environnement, bénéficient largement de cette protection.
Il existe également des options de ferrure minimaliste, comme les fers à coller, qui n’ont pas besoin de clous, ou les bottes pour chevaux, qui peuvent être enfilées temporairement pour les randonnées ou les compétitions, puis retirées.
Conclusion : pourquoi ferrer un cheval ?
Ferrer un cheval est une décision qui repose sur des facteurs variés : la protection des sabots, la prévention des blessures, l’optimisation des performances, ou encore la correction de la posture. Bien qu’il existe des alternatives comme la méthode pieds nus, la ferrure reste une solution populaire et efficace pour de nombreux chevaux domestiques, notamment ceux qui travaillent sur des surfaces dures ou irrégulières.
Choisir de ferrer ou non un cheval nécessite une évaluation attentive de ses besoins, de son activité et de son environnement. Une bonne communication entre le propriétaire, le maréchal-ferrant, et parfois le vétérinaire, est essentielle pour garantir le confort et la santé de l’animal.