Le 22 juillet 1298, une bataille décisive se déroule à Falkirk, où les forces écossaises, dirigées par le célèbre William Wallace, subissent une défaite majeure contre l’armée anglaise. Cet événement marque un tournant pour l’Écosse dans sa lutte pour l’indépendance face aux Anglais.
Après sa victoire éclatante à Stirling et la retraite des troupes anglaises, Wallace s’était imposé en Écosse en tant que véritable régent, jouissant d’un immense soutien populaire. Cependant, la tâche n’était pas sans obstacles, et il peinait à maintenir la discipline parmi ses partisans.
L’épisode de l’abbaye d’Hexham : un acte controversé
Les chroniqueurs anglais décrivent complaisamment un épisode révélateur de cette difficulté : le saccage de l’abbaye d’Hexham par des partisans écossais, un acte qui ternit l’image de Wallace aux yeux de nombreux observateurs. Ce pillage illustre les tensions internes et les ressentiments accumulés, car cette période de guerre était également marquée par des règlements de comptes entre clans écossais.
Toutefois, deux événements majeurs allaient s’avérer encore plus préoccupants pour le mouvement écossais.
La mort de Sir Andrew de Moray : une perte irremplaçable
Le premier coup dur pour Wallace et ses partisans est la mort de Sir Andrew de Moray, l’un des plus proches alliés de Wallace et également détenteur du titre de « protecteur du royaume ».
Gravement blessé lors de la bataille de Stirling, il succombe à ses blessures, laissant un vide stratégique et émotionnel dans les rangs écossais. La disparition de cet homme d’influence affaiblit considérablement le camp écossais, privé d’un chef expérimenté et respecté.
Le revirement diplomatique de la France : un isolement stratégique
En parallèle, la situation internationale évolue de façon défavorable pour les Écossais. Le roi de France, Philippe le Bel, jusque-là allié à l’Écosse dans sa lutte contre l’Angleterre, amorce un changement de politique.
Il cherche à négocier une trêve avec l’Angleterre, visant à sécuriser ses propres intérêts continentaux. Cette manœuvre diplomatique affaiblit le soutien étranger dont bénéficiait Wallace, et l’alliance franco-écossaise, pourtant cruciale, semble sur le point de s’effriter.
Une armée anglaise écrasante menée par Édouard
Profitant de cette situation, le roi Édouard d’Angleterre rassemble une armée colossale à York. Jamais une force aussi puissante n’avait été déployée en Écosse depuis l’époque du général romain Agricola. Composée de 2 500 chevaliers et de plus de 12 000 soldats d’infanterie, l’armée anglaise inclut des archers gallois redoutables, célèbres pour leur maîtrise du longbow, ainsi que des mercenaires irlandais.
Face à cette armée, Wallace mobilise environ dix mille hommes, qu’il organise en schiltrons, formations défensives équipées de longs épieux de bois, conçues pour repousser la cavalerie ennemie, un peu à la manière des anciennes phalanges grecques.
La trahison de Comyn le Rouge : la clé de la défaite
Parmi les soutiens de Wallace figure Comyn le Rouge, un chef écossais de renom qui fournit une précieuse cavalerie à l’armée de Wallace.
Cependant, c’est la trahison de Comyn qui scellera le destin des Écossais. Lorsque les schiltrons écossais parviennent à repousser l’assaut initial de la cavalerie anglaise, ils sont ensuite pris pour cible par les flèches des archers gallois, infligeant des pertes dévastatrices aux troupes de Wallace.
Au moment critique, alors qu’Édouard lance son infanterie, Comyn se retire délibérément du champ de bataille avec sa cavalerie légère, laissant les Écossais exposés et pratiquement sans défense.
Les répercussions de la défaite de Falkirk
Cette trahison révèle les profondes divisions au sein de l’aristocratie écossaise, qui voit en Wallace un aventurier sans titre, usurpant un pouvoir que beaucoup convoitent. La défaite est inévitable. Les troupes écossaises sont décimées, et Wallace, acculé, doit fuir.
Il renonce alors à son titre de « gardien » et part en exil en France pendant plusieurs années, de 1298 à 1303.
Le retour de Wallace et sa fin tragique
Bien que marqué par cette cuisante défaite, Wallace ne renonce pas à sa cause. Après plusieurs années en France, il retourne en Écosse pour poursuivre la lutte sous forme de guérilla.
Son engagement sans relâche l’amène à continuer son combat pour la liberté de l’Écosse, jusqu’à sa capture en 1305 près de Glasgow, un événement marquant la fin d’une des figures les plus emblématiques de la résistance écossaise.