« Le plus souvent dans l’histoire, “anonyme” était une femme ». Ces mots de Virginia Woolf résument bien ce dont il est question dans cet épisode. Que ce soit via des mécanismes de ségrégation, de hiérarchie sexiste ou d’invisibilisation a posteriori, le travail et la vie artistique des femmes a longtemps été masqué voire dévalorisé, alors même que ces femmes pouvaient être extrêmement reconnues à leur époque. L’histoire de l’art a donc été écrite sans elles à partir du XIXe siècle. Il aura fallu l’émergence d’une pensée critique féministe à partir des années 1970, doublé d’un changement de regard, de travaux de recherche et des initiatives par les commissaires d’exposition, les musées ou les activistes pour, à la fois, casser le mythe du « génie masculin » et réhabiliter la production artistique des femmes, de la préhistoire jusqu’à notre présent.
Quelles sont les différences entre invisibilité, oubli et invisibilisation ? Quels ont été les phénomènes et processus à l’œuvre de la Renaissance à nos jours ? En quoi le XIXe siècle constitue-t-il l’apogée et un moment pivot en termes d’effacement des œuvres féminines ? Qu’est-ce qui permet de voir autrement et de faire surgir au regard des œuvres invisibilisées? Comment réintégrer le point de vue féminin dans l’écriture de l’histoire culturelle et faire passer les femmes de sujets à actrices sociales ?
Pour répondre à ces questions, Laurène Daycard reçoit Magali Nachtergael, professeure à l’Université Bordeaux Montaigne, responsable du parcours en études de genre et membre du Conseil scientifique de l’Institut du Genre.