Le Rex incarne l’une des grandes légendes des paquebots du début du XXe siècle, une époque où ces géants des mers étaient non seulement des moyens de transport mais aussi des symboles de prestige, de puissance et de luxe. Lancé en 1931 par la compagnie italienne Italia Flotte Riunite, le Rex fut conçu pour rivaliser avec les paquebots britanniques et français qui dominaient alors l’Atlantique. L’objectif italien était ambitieux : décrocher le Ruban bleu, cette récompense prestigieuse attribuée au navire qui effectuait la traversée la plus rapide entre l’Europe et l’Amérique.

Dès sa mise à flot, le Rex impressionne par sa taille et son élégance. Avec ses 268 mètres de long et une capacité d’accueil de plus de 2 000 passagers, il incarnait l’apogée du savoir-faire naval italien. À l’intérieur, tout évoquait le luxe : des salons somptueusement décorés dans un style art déco, des cabines spacieuses, et des services dignes des plus grands hôtels. C’était une véritable ville flottante, où l’opulence et le confort étaient omniprésents.

En 1933, le Rex atteint son objectif. Lors d’une traversée record entre Gibraltar et New York, il remporte le Ruban bleu, devenant ainsi le paquebot le plus rapide du monde à cette époque. Ce triomphe n’était pas seulement une victoire pour la compagnie maritime italienne, mais aussi un symbole de la fierté nationale, à une époque où l’Italie de Mussolini cherchait à s’affirmer sur la scène internationale.

Cependant, malgré ce succès, le Rex ne devait pas connaître une carrière longue et sereine. Avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, les paquebots de luxe perdirent leur raison d’être. Le Rex, comme beaucoup d’autres navires de cette époque, fut réquisitionné par l’armée pour des missions logistiques. Il fut déplacé et ancré en mer Adriatique, loin des routes maritimes principales. Mais la guerre, impitoyable, ne l’épargna pas. En septembre 1944, le Rex fut attaqué par des avions britanniques et gravement endommagé. Incapable de naviguer, il finit par sombrer, son immense carcasse reposant au fond de la mer.

Le destin tragique du Rex symbolise la fin d’une ère, celle des grands paquebots transatlantiques. Ces navires, qui furent autrefois des joyaux flottants, perdirent progressivement leur utilité face à l’essor des transports aériens après la guerre. Le Rex, comme tant d’autres, s’éteignit dans l’oubli, laissant derrière lui des souvenirs de grandeur passée et une épave silencieuse qui témoigne d’une époque révolue.