Article | Marie-Antoinette : Versailles puis l’échafaud

C’est une jeune fille pétulante, vive et joyeuse qui, le 14 mai 1769, épouse le dauphin de France, Louis-Auguste de Bourbon. Le jeune marié se montre taciturne, renfermé et extrêmement timide et les premiers contacts sont loin d’être prometteurs mais cela ne semble pas refroidir l’enthousiasme de Marie-Antoinette qui quitte avec bonheur –et une légère inquiétude cependant- la placide cour d’Autriche.

Elevée dans un milieu presque bourgeois selon les désirs de sa mère, l’impératrice Marie-Thérèse, Maria Antonia Josepha Johanne, dite Marie-Antoinette, va rapidement se mettre au fait des exigences d’une cour où l’on ne plaisante pas avec l’étiquette. Une cour où les haines et les cabales animent la vie des courtisans aussi. Une cour, enfin, qui est réputée comme la plus fastueuse d’Europe. Après quelques temps d’adaptation, la jeune femme s’y sentira tout à fait à l’aise.

La petite dauphine a du charme ; elle le sait et elle en joue : le roi Louis XV y succombe, ainsi que le peuple de Paris. Quant à son mari, Louis-Auguste, son ascendant sur lui est grandissant.

En 1774, Louis XV meurt : Louis XVI et Marie-Antoinette, respectivement âgés de vingt et de dix-neuf ans, montent sur le trône de France.

Quatre années durant, la jeune souveraine, visiblement peu formée pour son métier de reine, ou du moins s’y intéressant peu, s’étourdit de fêtes, de bals. À Trianon, Marie-Antoinette retrouve ses amis, les Polignac, la princesse de Lamballe et toute une ribambelle de courtisans avides de charges et d’offices. Seule la maternité semble apporter un peu de stabilité à Marie-Antoinette qui met au monde quatre enfants : tout d’abord Marie-Thérèse, en 1778, Louis-Joseph, en 1781, Louis, futur Louis XVII, en 1785, et Sophie-Béatrix, en 1786.

Cette dernière naissance marque la fin de la paix et de l’insouciance. Arrive alors le temps des épreuves. En 1789, la Révolution éclate. Marie-Antoinette, qui vient de perdre, coup sur coup, la petite Sophie-Béatrix puis le Dauphin, Louis-Joseph, reste étrangère à la fébrilité qui s’empare du pays et aux revendications du peuple qui, depuis plusieurs années, accable de libelles outrageants « l’Autrichienne ».
La famille royale s’installe aux Tuileries puis, devant la menace révolutionnaire, elle tente de s’enfuir.

C’est la fuite à Varennes et les conséquences funestes que l’on sait : la monarchie est abolie, Louis XVI et sa famille sont emprisonnés au Temple, le roi est séparé des siens puis guillotiné le 21 janvier 1793.
Tout comme Louis XVI, qui a fait preuve d’un courage édifiant dans ses derniers moments, Marie-Antoinette fait résolument face à son destin.

Le 1er juillet 1793, le Comité de salut public lui enlève son fils, Louis XVII, et en août, elle est enfermée à la Conciergerie. Commence son procès, une sinistre farce. Face aux accusations ignobles de Fouquier-Tinville, Marie-Antoinette réagit avec une grandeur et une noblesse qui rachètent toutes ses erreurs passées.

Le 15 octobre 1793, elle est condamnée à mort et, le lendemain, conduite à l’échafaud. Les cheveux blancs, à trente-huit ans, prématurément vieillie, la souveraine s’avance vers l’échafaud avec dignité…