Bien que le marquis de Sade ait donné son nom au terme « sadisme », il est important de nuancer l’idée qu’il en est l’inventeur. Le sadisme, tel qu’on le comprend aujourd’hui, fait référence au plaisir pris à infliger de la souffrance ou de l’humiliation à autrui, un comportement qui a existé bien avant la vie du marquis. Cependant, Donatien Alphonse François de Sade, vivant au XVIIIe siècle, a marqué les esprits par ses écrits, notamment ses récits choquants et transgressifs qui exploraient des thèmes de violence, de domination sexuelle, et de cruauté. Son œuvre, comprenant des textes comme Les 120 journées de Sodome et Justine, est provocante non seulement pour ses descriptions explicites d’actes sexuels violents, mais aussi pour sa remise en question des conventions morales et religieuses de son époque.

Le lien entre le marquis de Sade et le « sadisme » provient de l’impact de ses écrits sur la société littéraire et psychiatrique du XIXe siècle. C’est notamment le psychiatre Richard von Krafft-Ebing, dans son ouvrage Psychopathia Sexualis (1886), qui a popularisé le terme « sadisme » en décrivant des comportements pathologiques où la satisfaction sexuelle dépend de la souffrance d’autrui. Il a ainsi associé ces tendances aux œuvres de Sade, qui avaient déjà un caractère infâme en raison de leur contenu violent et immoral. Toutefois, les pulsions sadiques sont des phénomènes psychologiques complexes qui ne se limitent pas aux récits du marquis.

Le marquis de Sade a été, en somme, un explorateur audacieux de la psychologie humaine dans ses dimensions les plus obscures, mais il n’a pas « inventé » le sadisme. Ses écrits ont toutefois servi de point de référence pour mieux comprendre et nommer des comportements humains qui transcendent les époques. L’expression littéraire de ses fantasmes a contribué à cristalliser une réflexion sur la perversion, la domination, et la souffrance, faisant de son nom un symbole culturel de ces tendances humaines extrêmes.