Le Grand Nord, les immensités glacées à perte de vue et les ours polaires font partie de l’univers de Nick Lunn, un homme qui consacre sa vie à analyser, comprendre et protéger ce carnivore majestueux, symbole incontesté de l’Arctique canadien. Nick Lunn étudie les ours polaires de la baie d’Hudson depuis 1981. Deux fois par année, il affronte la rigueur du climat de la baie d’Hudson, aux environs de Churchill et part sur les côtes à la rencontre de ses protégés. La population d’ours blancs de l’ouest de la baie d’Hudson vit près de la limite méridionale de l’aire de distribution de l’espèce, là où elle est la plus vulnérable aux changements qui affectent la formation de la glace. Les glaces fondent maintenant trois semaines plus tôt qu’il y a 15 ans, diminuant la période au cours de laquelle les ours peuvent avoir accès à leur nourriture de prédilection : le phoque annelé.

Nick Lunn doit capturer un échantillon annuel d’ours blancs de tous les âges, aussi bien mâles que femelles. Les résultats obtenus permettent de fournir des données pour aider à la conservation et à la gestion à long terme de l’ours blanc dans l’ouest de la baie d’Hudson. La capture des ours polaires est une activité nécessaire, même si elle est parfois extrême. Les pilotes d’hélicoptère en savent quelque chose! Quatre-vingts pour cent (80 %) des ours adultes de la baie d’Hudson ont été analysés, pesés et mesurés. Les comportements et l’histoire de chacun d’entre eux ont été répertoriés rigoureusement. Le Canada possède maintenant plus d’informations sur les ours de la baie d’Hudson grâce au travail de Nick Lunn et de ses collègues.

S’approcher de cet animal demeure dangereux, même si le but des interventions est de le protéger. Le travail de Nick Lunn et de son équipe de collaborateurs comporte sa part de risques. D’ailleurs, les huit cents habitants de la petite communauté de Churchill ont dû apprendre à vivre avec ce voisin parfois un brin intrusif. Le village, situé tout près de la baie, reçoit parfois quelques visiteurs inopportuns. Affamés, certains ours polaires quittent la côte maritime pour s’y rendre, à la recherche de nourriture. À la vue d’un ours, les villageois ont pour consigne de communiquer immédiatement avec un agent de la faune qui se chargera de tranquilliser la bête et de la porter, en hélicoptère, jusqu’à la prison temporaire pour ours blancs, située dans un ancien entrepôt. Puis le visiteur indésirable sera retourné à sa banquise.

Partager le vécu de Nick Lunn, c’est faire une incursion dans un univers qui nous fascine : celui du Nord et de l’ours polaire. La passion et la présence régulière de Nick Lunn auprès des ours polaires en font un des plus grands spécialistes dans le domaine. Il a été l’un des premiers témoins du déclin de la condition de l’ours polaire de la baie d’Hudson. Ce qui l’attriste, c’est que cette bête puissante et magnifique se retrouve tout à coup complètement démunie par rapport à la situation dramatique qu’elle vit et qui ne semble pas pouvoir être contournée. Pour ce passionné, il est urgent d’agir afin d’assurer la présence de cet animal devenu, bien malgré lui, le symbole mondial des effets néfastes du réchauffement climatique.

Documentaire : Humanima – À la rencontre des rois blancs
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